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Maghreb

Ali Haddad au FCE, « une machine de guerre avec un lien quasi-organique avec le pouvoir »- S.Othmani sur RadioM (audio-vidéo)

Par Yazid Ferhat
10 décembre 2014
Slim Othmani, président du conseil d'administration de NCA-Rouiba

Pour le patron de la NCA Rouiba, Slim Othmani, le patronat doit travailler de concert avec les pouvoirs publics. Il a lui-même prôné ce rapprochement alors qu’il était candidat à la présidence du FCE. Mais ne cautionne pas ce qui est en train de se faire, aujourd’hui, au niveau du FCE.

 

Le patron de la Nouvelle conserverie de Rouiba (NCA Rouiba), Slim Othmani, « Invité du Direct » de  Radio M, la webradio de Maghreb Emergent, est revenu sur sa démission fracassante du Forum des chefs d’entreprises (FCE), la plus importante organisation patronale en Algérie.

« Je n’ai pas pris mes distances avec le FCE par rapport au rapprochement avec les pouvoirs publics, mais c’est en raison du non-respect de la réglementation et aussi par rapport au non-respect des valeurs du chef d’entreprise », a-t-il déclaré. Et en réaction à la stratégie dessinée par le nouveau président du FCE, Ali Haddad, qui préconise un rapprochement plus assumé avec les pouvoirs publics, M. Othmani dit partager la même approche. Il a lui-même prôné la même démarche alors qu’il était candidat à la présidence du FCE.  « Lorsque j’ai présenté ma candidature (à la présidence du FCE, Ndlr), j’ai personnellement prôné que ce rapprochement figure dans les axes  de mon projet soumis à l’appréciation des membres », a-t-il fait savoir. Pour le patron de la NCA Rouiba,  il faut se rapprocher des pouvoirs publics, car, dit-il, « il n’y a pas de raisons pour que le patronat ne doive pas travailler de concert avec les pouvoirs publics ».

« Un homme doit assumer, c’est tout ! »

Le président du Conseil d’administration de NCA Rouiba avait démissionné en mars dernier après que le Conseil exécutif du FCE ait appelé à voter pour un 4e mandat en faveur du président candidat Abdelaziz Bouteflika en contradiction avec les statuts et du règlement intérieur de l’organisation patronale. « La loi sur les associations exclut le fait qu’une association puisse se prononcer sur des questions purement politiques », rappelle Othmani. Pour lui, il s’agit d’une question de respect des valeurs. « Un homme doit assumer, c’est tout ! Moi j’assume le fait que je sois fidèle à mes valeurs, contrairement à certains patrons qui sont dans une logique de crainte et ils sont libres de l’exprimer », relève-t-il. Une attitude qui interpelle d’autant plus que la plupart des patrons au sein du patronat ne dépend pas de la commande publique. Pour cela, Slim Othmani avance une explication. « Le fonctionnement du système n’est pas institutionnalisé : un chef d’entreprise peut avoir en face de lui une administration fiscale laquelle ne sera pas forcément objective à son égard ». D’après lui, l’administration peut être instrumentalisée aux fins de nuire au chef d’entreprise s’il ne s’inscrit dans la logique du pouvoir.  « Au sein du FCE, il y avait cette tendance selon laquelle si tu n’es pas avec nous, tu es contre nous », souligne l’ancien membre du Forum.

« Je ne retournerai pas au FCE »

Slim Othmani affirme avoir rencontré, à plusieurs reprises, des membres du gouvernement pour leur dire d’épargner les chefs d’entreprises. « Bien avant le processus de soutien mené par le Forum en faveur du clan présidentiel, j’ai rencontré des membres du gouvernement en leur disant ‘’laissez tranquilles les chefs d’entreprises’’ ». Et d’avancer une phrase qui sonne comme une évidence. « Bouteflika allait de toute façon remporter les élections, alors pourquoi toute cette débauche d’énergie ? », s’interroge-t-il. Selon Othmani, le soutien affiché par le FCE au président Bouteflika a fait mal à l’organisation patronale et a surtout décrédibilisé la campagne du président.

A propos de l’arrivée du patron de l’ETRHB, Ali Haddad, à la tête du FCE, poste pour lequel il a été le seul candidat, Othmani livre son point de vue sur ce plébiscite. « Avec son arrivée (Ali Haddad, Ndlr) c’est une véritable machine de guerre qui s’est installée avec un lien quasi-organique avec le pouvoir », dit-il. Il s’interroge sur la capacité du nouveau patron du FCE de porter un projet patronal fort. « Il (Ali Haddad, Ndlr) n’est pas structuré pour mener un projet patronal fort, il n’en pas l’expérience », soutient Slim Othmani qui juge toutefois que le nouveau patron du FCE dispose de moyens pour porter matériellement ce projet.

L’entourage est la clé de réussite

La clé de la réussite du nouveau patron du FCE résiderait, selon lui, dans son entourage. « S’il s’entoure de personnes intègres et compétentes il réussira. Mais s’il s’entoure de personnes qui se rapprochent de lui exclusivement par le fait de son lien avec le pouvoir, il ne pourra jamais les faire travailler parce qu’ils sont dans l’attente perpétuelle de quelque chose », opine l’invité de Radio M. Et alors que Ali Haddad a lancé un appel aux membres ayant quitté le forum, le patron de NCA Rouiba est catégorique : « Aujourd’hui je ne suis absolument pas prêt à répondre à cet appel, et je ne m’inscrit pas du tout dans ce qui est en train de se faire au niveau du FCE ». 

Extraits vidéos : https://algeriefocus.com/bit.ly/1G9UoHv

Ecouter l’intégralité de l’émission:

 

 

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