L’année 2025 restera sans conteste l’année de l’allocation touristique par excellence en Algérie. Aucun autre sujet économique n’a autant occupé l’espace médiatique durant douze mois consécutifs. Presse écrite, réseaux sociaux, plateformes numériques et plateaux télévisés ont été dominés par une seule question : quand et comment les Algériens bénéficieront-ils enfin de la nouvelle allocation touristique.
Le point de départ remonte à décembre 2024, lorsque les autorités annoncent officiellement la fixation du montant de l’allocation touristique à 750 euros par citoyen et par an. Une décision très attendue, perçue comme une rupture avec les anciens plafonds jugés largement insuffisants. Dès les premières semaines de janvier 2025, le débat se déplace : la question n’est plus le montant, mais la date d’entrée en vigueur et les modalités d’application.
Initialement, l’application du nouveau montant est annoncée pour le premier trimestre 2025. Très vite, les spéculations se multiplient. Les dates circulent, les rumeurs s’installent, mais aucun Algérien ne bénéficie concrètement de l’allocation touristique avant la fin du premier trimestre. L’impatience grandit, alimentée par un silence institutionnel prolongé.
À l’approche des grandes vacances d’été, le sujet refait surface avec plus d’intensité. Face à la pression médiatique, les autorités publiques se contentent de rassurer, affirmant que les préparatifs sont en cours au niveau des postes frontaliers afin de garantir une application fluide de la mesure. Fin juin, des rumeurs annoncent une mise en œuvre imminente, sans confirmation officielle.
Un retard de six mois
C’est finalement début juillet 2025 que la Banque d’Algérie met fin aux spéculations. Dans un communiqué très attendu, elle annonce la date exacte de l’application de l’allocation touristique de 750 euros : le 20 juillet 2025. À partir de cette date, les Algériens résidents peuvent retirer leur allocation à la sortie du territoire, sans incident majeur. L’application se fait de manière relativement fluide, du moins dans les premières semaines.
Le premier rappel à l’ordre
Un mois plus tard, la Banque d’Algérie publie un premier rappel officiel. Sans citer de noms, elle met en garde certaines agences de voyages, rappelant que l’allocation touristique est strictement personnelle et que toute implication de tiers dans le processus de demande est interdite.
Fin septembre, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, livre le premier bilan officiel : 400 millions d’euros ont été retirés par les touristes algériens au titre de l’allocation touristique. Un chiffre jugé considérable au regard de la situation financière du pays. Plusieurs experts avaient d’ailleurs alerté sur les répercussions économiques à long terme d’un tel niveau de sorties de devises.
Les premières restrictions ne tardent pas. Début décembre, le ministère des Transports impose des conditions draconiennes aux agences de voyages organisant des déplacements vers la Tunisie, notamment l’obligation d’utiliser des bus de moins de dix ans. Une exigence quasi impossible à satisfaire, compte tenu de l’état du parc automobile national et de la rareté des bus neufs sur le marché local. Résultat : la majorité des agences annulent leurs programmes, laissant la voiture individuelle comme seul moyen de passage, excluant de fait de larges catégories de citoyens.
Enfin, mi-décembre 2025, la Banque d’Algérie annonce un durcissement majeur des conditions d’octroi de l’allocation touristique : obligation de disposer d’un compte bancaire et paiement de la contrepartie des 750 euros via des moyens dématérialisés. Une décision qui provoque une forte déception chez les chômeurs et les étudiants, désormais exclus de fait de ce dispositif.
Ainsi s’achève une année où l’allocation touristique aura cristallisé espoirs, tensions et contradictions, révélant les limites structurelles de sa mise en œuvre dans le contexte économique algérien.