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Alors que l’abstention demeure le premier parti en Algérie, qui sera « intronisé » Premier ministre ?

Par Kheireddine Batache
23 juin 2021
Alors que l’abstention demeure le premier parti en Algérie, qui sera « intronisé » Premier ministre ?

Après 10 jours d’attente et de cacophonie médiatique, le Conseil constitutionnel se prononcera ce soir sur les résultats définitifs des élections législatives du 12 juin 2021. Mais dans les coulisses, les tractations pour la formation du nouveau gouvernement ne semblent pas tenir compte du brouhaha politicien.

Les jours du gouvernement Djerad III sont comptés. La mission du Premier ministre et fidèle compagnon de route du président, Abdelaziz Djerad, arrive à échéance. Il s’apprête à plier bagage et laisser la place à un nouveau « chef du gouvernement », qui sera issu de nouvelle majorité parlementaire, désignée à la faveur d’un scrutin électoral très contesté, remporté encore une fois par l’inoxydable FLN, suivi de près par les islamistes du MSP et du parti El Binaa, les indépendants et enfin le RND, bien qu’il reste entaché par une l’abstention majeure, comme principal marqueur politique.

Qu’à cela ne tienne, la nouvelle configuration du pouvoir en Algérie laisse présager des alliances les plus machiavéliques voire « contre-nature » pour la formation du nouveau gouvernement. Le rapport de force politique jusque là en faveur du chef de l’Etat, risque d’accoucher d’un autre plus équilibré, davantage par la force des choses que par volonté politique, s’appuyant entre autres sur le retour inéluctable des vieux briscards du FLN et du RND à la futur table du Conseil des ministre.

Du côté de la présidence, le ton a été donné cette semaine, lorsque 70 nouveaux députés indépendants ont annoncé leur ralliement au président Abdelmadjid Tebboune. Si les deux partis islamistes (MSP et El Binaa), qui ont su tirer leur épingle du jeu lors des législatives, se gardent d’annoncer leur couler, beaucoup de commentateurs de la scène politique s’attendent à les voir déferler au prochain gouvernement et leur accordent déjà une dizaine de portefeuilles ministériels, en sus de la présidence de l’Assemblée Populaire Nationale (APN).

Que disent les « bookmakers » politiques sur l’identité du prochain Premier ministre ?

Le prochain locataire du palais du gouvernement aura-t-il le profil d’un « collaborateur » ou celui d’un « homme d’Etat ? Sera-t-il « charismatique » ou plutôt « 3/4 de Premier ministre » ? Est-ce lui qui donnera le « La » de la nouvelle feuille de route et de l’action gouvernementales ou reprendra-t-il celles du pouvoir en place…? Les spéculations vont bon train et les noms qui circulent à chaque fois que l’odeur d’un remaniement partiel ou total du gouvernement envahit les places du débat publique, retentissent en faisant fantasmer les uns et en scandalisant les autres. Mais en réalité, trois scénarii permettent déjà de se situer dans ce brouillard politique à couper au couteau.

D’abord, ce ne sera pas un technocrate à la Djerad ! Cette quasi-certitude avancée par beaucoup d’experts tient plus du sens de la déduction que du calcul politique. En effet, la nouvelle constitution a prévu un Premier ministre si la majorité échappe au président de la République et un chef de gouvernement dans le cas contraire : ainsi, l’article 103 stipule que «le gouvernement est dirigé par un Premier ministre lorsqu’il résulte des élections législatives une majorité présidentielle» et «par un chef de gouvernement lorsqu’il résulte des élections législatives une majorité parlementaire».

Conséquemment, «s’il résulte des élections législatives une majorité présidentielle, le président de la République nomme un Premier ministre et le charge de lui proposer un gouvernement et d’élaborer un plan d’action pour la mise en œuvre du programme présidentiel qu’il présente au Conseil des ministres» (article 105).

Par contre, «s’il résulte des élections législatives une majorité autre qu’une majorité présidentielle, le président de la République désigne un chef de gouvernement issu de la majorité parlementaire et le charge de former son gouvernement et d’élaborer le programme de la majorité parlementaire» (article 110).

Le deuxième scénario introduit la thèse d’une personnalité capable d’incarner une vrai politique d’exécutif à deux têtes. D’un côté, le président Tebboune, qui reste au-dessus de la mêlée et se concentre sur la politique extérieure et les question de défense du pays. D’un autre, un Premier ministre « populaire » issu d’une coalition présidentielle qui se profile à l’horizon, et dont la tâche sera de conduire l’action gouvernementale, peser sur les questions économiques du pays et faire face à la grogne sociale qui s’accentue de jour en jour, en faisant planer le risque d’un enlisement majeur.

Mais le plus probable des scénarii reste tout de même le troisième, qui voit le FLN et le RND reprendre la main sur le Palais du gouvernement et peser de toutes leurs forces sur la suite du quinquennat de Abdelmadjid Tebboune, en remettant en scelle bon nombre de ses « éléphants » à des postes clés au sein de la prochaine composition gouvernementale et en revendiquant, comme une arme à double tranchant, une pseudo légitimité des urnes via l’APN.

La seule inconnue de taille qui demeure jusqu’ alors insondable, est celle de la position que prendra l’institution militaire, quant au choix de participer ou pas à la prise de décision finale.

Lire aussi : « Plan de relance » : trois lectures pour expliquer l’étonnant « coup » de Abdelaziz djerrad

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