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Amnesty accuse l’Algérie de « répression discriminatoire » contre les migrants subsahariens

Par Maghreb Émergent
23 octobre 2017

« Les policiers et les gendarmes n’ont pas cherché à savoir si les migrants séjournaient légalement en Algérie, ne vérifiant ni leurs passeports ni d’autres papiers », accuse Amnesty.

 

Le traitement réservé par les autorités algériennes aux migrants subsahariens revient sur le devant la scène. Dans un communiqué rendu public lundi, Amnesty International a accusé les autorités algériennes d’avoir exercé une « répression discriminatoire » contre les ressortissants des pays tiers. En chiffre, Amnesty évoque l’expulsion forcée de plus 2000 migrants originaires de divers pays d’Afrique subsaharienne vers les États voisins du Niger et du Mali. Parmi les personnes expulsées figurent plus de 300 mineurs, dont au moins 25 mineurs non accompagnés.

D’après le document de l’organisation, cette nouvelle vague d’arrestations a débuté le 22 septembre lorsque la police et la gendarmerie ont commencé à procéder à l’arrestation arbitraire de migrants dans la capitale et sa périphérie. D’après les recherches menées par Amnesty International, ces arrestations se fondaient sur le profilage ethnique, car les policiers et les gendarmes n’ont pas cherché à savoir si les migrants séjournaient légalement en Algérie, ne vérifiant ni leurs passeports ni d’autres papiers.

« Rien ne saurait justifier d’arrêter et d’expulser de force des centaines de personnes en fonction de leur couleur de peau ou de leur pays d’origine présumé. Il s’agit d’un cas flagrant de profilage ethnique de grande ampleur, a déclaré Heba Morayef, directrice des recherches pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.

« Ce profilage ethnique et l’ampleur des arrestations arbitraires et des expulsions massives et sommaires ces dernières semaines témoignent de l’attitude discriminatoire des autorités algériennes à l’égard des migrants d’Afrique subsaharienne. Elles doivent de toute urgence mettre un terme à ces arrestations et expulsions illégales».

Amnesty rappelle que la dernière vague d’arrestations et d’expulsions massives se déroule quelques semaines seulement après que plus de 1,000 personnes – principalement des Nigériens – ont été renvoyés au Niger en août 2017.

Selon l’organisation, aux termes du droit international, nul ne peut être expulsé de force vers un pays sans avoir eu la possibilité équitable de contester son expulsion. En outre, nul ne peut être renvoyé vers un pays où il serait exposé à un risque réel de subir de graves violations des droits humains.

« Au lieu de piétiner les droits des migrants et de procéder à des expulsions collectives, les autorités algériennes devraient s’efforcer de lutter contre la discrimination ethnique et le discours de haine à l’égard des Subsahariens et de réformer les lois sur les conditions de séjour des travailleurs migrants en Algérie », a déclaré Heba Morayef, directrice des recherches sur l’Afrique du Nord à Amnesty International.

Depuis le 22 septembre, environ 15 réfugiés et demandeurs d’asile qui avaient été arrêtés par la police ont été relâchés grâce à l’intervention du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Algérie.

D’après certaines personnes qui se sont entretenues avec Amnesty International, des centaines de migrants arrêtés le 22 septembre ont été détenus par les gendarmes algériens dans des conditions déplorables, dans un camp géré par le Croissant-Rouge algérien à Zéralda.

D’après des organisations de la société civile au Mali citée par Amnesty, les autorités algériennes ont aussi expulsé des migrants vers le Mali, notamment via le passage à la frontière proche du village d’In Khalil, au Mali, au sud-est de la ville algérienne de Bordj Badji Mokhtar.

Dans son document Amnesty rappelle que l’Algérie est partie prenante à la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, qui interdit les expulsions collectives de travailleurs migrants et de membres de leurs familles, quel que soit leur statut, et dispose que chaque cas d’expulsion doit être examiné sur une base individuelle. En outre, l’expulsion collective d’étrangers est prohibée par l’article 12 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples.

 

 

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