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Amnesty International dresse un bilan sévère de la situation des droits humains en Algérie en 2016

Par Yazid Ferhat
22 février 2017

Un appel est lancé au gouvernement algérien à arrêter les pressions sur les défenseurs algériens des droits de l’homme : « Des défenseurs des droits humains ont été harcelés et ont fait l’objet de poursuites.

 

Amnesty International (AI) fait un bilan critique de la situation des droits de l’homme en Algérie au cours de l’année 2016. Son rapport annuel rendu public aujourd’hui indique : « En 2016, les autorités ont restreint la liberté d’expression, d’association, de réunion et de religion. Des détracteurs pacifiques du gouvernement, notamment des défenseurs des droits humains, ont été poursuivis dans le cadre de procès inéquitables. » Et de rappeler que, par ailleurs, « des réfugiés et des migrants ont été expulsés arbitrairement ».

L’ONG internationale des droits de l’homme déplore que des personnes qui avaient critiqué pacifiquement le gouvernement aient fait l’objet de poursuites pénales et que des médias aient été fermés : « En mars, un tribunal de Tlemcen a déclaré Zoulikha Belarbi, membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), coupable de diffamation, d’’’outrage au président de la République’’ et d’’’outrage à corps constitué’’ et l’a condamnée à une amende ». Il lui était reproché, rappelle le rapport, d’avoir publié sur Facebook un photomontage satirique montrant le président Abdelaziz Bouteflika et des responsables politiques ; une cour d’appel l’a condamnée, par la suite, en décembre 2016, à six mois d’emprisonnement.

Un appel est lancé au gouvernement algérien à arrêter les pressions sur les défenseurs algériens des droits de l’homme : « Des défenseurs des droits humains ont été harcelés et ont fait l’objet de poursuites. En mars, un tribunal de Ghardaïa a inculpé Noureddine Ahmine, avocat, d’’’outrage à corps constitué’’ et de ‘’fausse dénonciation d’une infraction’’ pour avoir déposé une plainte pour torture, en 2014, apparemment au nom de l’un de ses clients ».

 

Contrôle étroit du travail associatif

 

AI s’inquiète également du refus des pouvoirs publics d’accorder des agréments à des associations : « En n’accusant pas réception de leurs demandes d’enregistrement, les pouvoirs publics ont, cette année encore, laissé dans un vide juridique de nombreuses associations de la société civile, comme Amnesty International Algérie. Ces demandes étaient exigées par la loi 12-06 sur les associations, qui imposait toute une série de restrictions arbitraires à leur enregistrement. » Le rapport 2016 rappelle, dans ce cadre, que l’appartenance à une association non reconnue est d’une peine de six mois d’emprisonnement et d’une amende. « Les autorités restreignaient toujours strictement la liberté de réunion. Elles ont continué d’interdire toutes les manifestations dans la capitale, Alger, en application d’un décret de 2001, et elles ont arrêté et poursuivi des manifestants pacifiques », déplore-t-elle encore.

La traque de la communauté ahmadie, le décès du journaliste Mohamed Tamalt, la condamnation par la justice des membres du Comité national pour la défense des droits des chômeurs au Sud et l’emprisonnement de Slimane Bouhafs, converti au christianisme, n’ont pas échappé aux radars d’Amnesty International.

 

Les souffrances des migrants

 

Le traitement des migrants et des refugiés par les autorités publiques a eu sa part dans les critiques formulées par Amnesty International à l’endroit du gouvernement algérien. « En décembre, les forces de sécurité auraient arrêté à Alger environ 1.500 migrants et réfugiés venus d’Afrique subsaharienne et auraient expulsé plusieurs centaines d’entre eux vers le Niger dans les jours qui ont suivi. Les personnes qui n’ont pas été expulsées ont été libérées à Tamanrasset, ville située dans le sud du pays, et elles n’auraient pas été autorisées à utiliser les transports publics. Cette interdiction aurait eu pour but de les empêcher de retourner à Alger. »

Revenant sur la décennie noire, celle des années 1990, AI regrette que les responsables d’atteintes graves aux droits humains aient continué de bénéficier de l’impunité. Elle observe aussi que les autorités ont persisté dans leur refus d’autoriser l’accès au pays à des mécanismes des Nations unies chargés de veiller au respect des droits humains, notamment ceux dont le mandat porte sur la torture et les autres formes de mauvais traitements, la lutte contre le terrorisme, les disparitions forcées et la liberté d’association et de réunion pacifique. Elles ont également continué, selon ce rapport 2016, d’empêcher des organisations internationales, dont Amnesty International, d’effectuer des missions d’enquête sur les droits humains.

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