L’Assemblée populaire nationale (APN) a adopté, ce lundi 16 juin 2025, un amendement très attendu dans le secteur de l’éducation. La loi 83-12 relative à la retraite a été officiellement complétée pour permettre aux enseignants et cadres pédagogiques de partir à la retraite plus tôt que l’âge légal en vigueur. Ce nouveau texte, présenté lors d’une séance plénière présidée par Brahim Boughali, président de l’APN, a été défendu par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Fayçal Bentaleb, en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Kaouter Krikou.
Un départ anticipé pour soulager les éducateurs
La nouvelle disposition concerne l’ensemble des enseignants des cycles primaire, moyen et secondaire, mais également les inspecteurs et directeurs d’établissement. Elle permet, à titre volontaire, un départ anticipé à la retraite, soit à 57 ans pour les hommes et 52 ans pour les femmes, soit trois années de moins que l’âge légal actuellement fixé (60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes).
Cependant, la loi précise que cette réduction ne peut être cumulée avec celle liée à l’éducation des enfants, prévue à l’article 8 de la loi sur la retraite. En d’autres termes, une enseignante mère de famille ne pourra pas additionner les deux bonifications d’âge.
Une vielle revendication
Le sujet du départ anticipé à la retraite dans l’éducation n’est pas nouveau. Il a été au cœur des revendications syndicales depuis la suppression, en 2016, du régime de retraite sans condition d’âge. De nombreux syndicats du secteur, comme l’UNPEF (Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation) ou le CNAPEST (Conseil national autonome du personnel enseignant du secondaire et technique), avaient dénoncé la pénibilité du métier d’enseignant, le stress chronique, la surcharge des classes et les conditions de travail dégradées, plaidant pour un retour à une forme de retraite anticipée.
Si l’adoption de la Loi devrait soulager un tant soit peu les syndicats du secteur, il n’en demeure pas moins que son application sur le terrain est appréhendée par certains en raison des entraves bureaucratiques.
Une réforme aux multiples effets
Cette réforme pourrait contribuer à dynamiser le secteur, en ouvrant la voie à l’arrivée de jeunes enseignants et en réduisant les tensions liées à l’usure professionnelle. Mais certains analystes s’interrogent aussi sur son impact budgétaire à moyen terme pour la Caisse nationale de retraite (CNR), déjà sous pression.
Une étape dans un chantier plus large
Si l’adoption de cette loi constitue une étape significative, les syndicats rappellent qu’elle ne saurait remplacer une réforme structurelle plus globale de l’école algérienne, tant sur le plan des programmes, des effectifs que des conditions de travail.
Pour l’heure, les enseignants désireux de partir à la retraite anticipée devront attendre les textes d’application et les circulaires d’orientation qui préciseront les procédures et délais.