L’Agence française de développement (AFD) a annoncé samedi à Laâyoune un investissement de 150 millions d’euros au Sahara occidental, un territoire sous contrôle marocain mais revendiqué par le Front Polisario, représentant du peuple sahraoui. Cette décision, rapportée par plusieurs médias français, marque un nouveau tournant dans le rapprochement stratégique entre Paris et Rabat, sur fond de tensions régionales accrues.
C’est le directeur général de l’AFD, Rémy Rioux, qui a officialisé cette annonce lors d’une visite dans cette ville située au cœur du territoire occupé. « Le groupe AFD va désormais investir dans les régions du Sud et y apporter des investissements et des financements », a-t-il déclaré.
Ces fonds seront notamment orientés vers des projets liés aux énergies renouvelables, en partenariat avec plusieurs groupes français, dont Engie et MGH Energy, qui ont signé des accords visant à la production d’énergies vertes et e-carburants depuis le territoire.
Cette démarche s’inscrit dans la continuité d’un appui français explicite au plan marocain d’autonomie du Sahara occidental « sous souveraineté marocaine », une position réaffirmée par le président Emmanuel Macron lors de sa visite au Maroc en octobre 2024. Le chef de l’État français avait alors exprimé sa volonté « d’accompagner le développement de ces territoires au travers d’investissements, d’initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales ».
Inquiétudes et tensions régionales
Ces investissements, bien que présentés comme économiques et humanitaires, suscitent de vives réactions dans la région. L’Algérie, soutien historique du Front Polisario et défenseur du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, voit dans cette initiative un alignement croissant de la France sur la position marocaine, au détriment du processus onusien de règlement du conflit.
La crise diplomatique entre Paris et Alger, déjà tendue depuis plusieurs années, pourrait ainsi connaître un nouvel épisode délicat. Les observateurs craignent un affaiblissement supplémentaire du rôle de la France en tant que médiateur crédible dans la région, dans un contexte marqué par une instabilité croissante au Sahel et en Afrique du Nord.