La récente déclaration de Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, sur la possession par le président du Sénat algérien d’un bien immobilier en France, ravive de nouveau la polémique sur la transparence concernant le patrimoine des hauts responsables algériens.
Intervenant sur les ondes d’Europe 1, Xavier Driencourt a mis en question la possession d’un bien immobilier à Paris par Salah Goudjil, président du Sénat algérien.
« Cibler un certain nombre de gens sur leurs biens immobiliers. Le dinar algérien est inconvertible, comment expliquez-vous que le président du Sénat algérien, qui vient de rompre ses relations avec le Sénat français, ait un appartement à Paris ? (…) », a-t-il déclaré. Ni le concerné, ni les autorités officielles n’ont réagi à cette révélation de l’ex-ambassadeur.
Mais ces propos ont rapidement suscité des réactions en Algérie. Sur Facebook, le militant politique Karim Tabbou a exigé une clarification et une transparence totale sur cette affaire, estimant que, si elle était avérée, elle constituerait un « scandale d’État ». Il a également dénoncé la « corruption et les transferts illicites d’argent à l’étranger, tout en critiquant l’absence d’enquêtes et de poursuites judiciaires » en Algérie.
De son côté, le journaliste Saadi Nasreddine a rappelé que Salah Goudjil est le deuxième personnage de l’État algérien. « S’il possède réellement un appartement en France, il doit – avant de démissionner – expliquer d’où il a obtenu la devise et comment il l’a transférée », a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux.
L’avocat Soufiane Chouiter a également pris position, affirmant que « Goudjil doit présenter à l’opinion publique la vérité sur cette information ». De son côté, l’avocat Saïd Zahi a soulevé plusieurs interrogations : « Comment cet argent a-t-il été accumulé et transféré ? Et comment a-t-il été reçu là-bas ? »
Par ailleurs, plusieurs pages Facebook ont relayé un extrait de Salah Goudjil parlant de nationalisme, en soulignant une « contradiction ». Certains internautes l’accusent, au même titre que d’autres responsables algériens, de détenir des biens en France, ancienne puissance coloniale, alors qu’il a lui-même combattu le colonialisme.
Malgré l’ampleur de la polémique, ni Salah Goudjil ni aucune voix officielle algérienne n’ont jugé utile d’apporter des clarifications. Aucun démenti n’a été publié à ce sujet.
Cette affaire intervient dans un climat diplomatique déjà tendu entre l’Algérie et la France. La crise a éclaté en juillet dernier après la reconnaissance par Paris de la « marocanité » du Sahara Occidental. Les tensions se sont accrues en novembre avec l’arrestation en Algérie de l’écrivain Boualem Sansal, une décision vivement critiquée par la France. En février, le refus des autorités algériennes d’accueillir un influenceur algérien expulsé de France a fini par exacerber davantage la crise entre les deux pays.