Premier établissement de crédit-bail algérien à franchir le pas de l’émission obligataire, la Compagnie arabe de crédit-bail (Arab Leasing) a officialisé mardi sa cotation à la Bourse d’Alger. L’opération, d’un montant de 3 milliards de dinars, a été intégralement souscrite par les investisseurs professionnels en l’espace de deux jours seulement.
Cette première pour l’entreprise fondée en 2001 marque un tournant dans sa stratégie de financement. Jusqu’alors dépendante des ressources bancaires traditionnelles, Arab Leasing diversifie ses sources de fonds en s’adressant directement aux marchés financiers. Un pari audacieux sur une place financière algérienne encore balbutiante.
Les modalités de l’émission reflètent cette prudence : 300 000 obligations ordinaires de 10 000 dinars chacune, rémunérées à 5,65% l’an sur cinq ans. Un taux attractif qui a séduit les souscripteurs. Les banques ont raflé la part du lion avec 2,15 milliards de dinars d’obligations, laissant 850 millions aux autres investisseurs institutionnels.
“Cette cotation représente une étape pivot dans notre stratégie de croissance”, commente Abdelhakim Djaberni, directeur général d’Arab Leasing. Derrière cette formule convenue se cache une réalité économique : l’entreprise a besoin de capitaux frais pour financer son développement dans un marché du crédit-bail encore peu exploité en Algérie.
Un marché de niche à conquérir
Car Arab Leasing évolue sur un segment porteur mais exigeant. Seule société spécialisée dans le crédit-bail au moment de sa création, elle accompagne les PME algériennes dans leurs investissements d’équipement. Un créneau délaissé par les banques traditionnelles, souvent réticentes à financer les petites structures.
L’actionnariat d’Arab Leasing mélange public et privé : la Banque arabe algérienne, la Caisse nationale d’épargne et de prévoyance, la Société arabe d’investissement côtoient des investisseurs privés. Cette configuration rassure les marchés sur la solidité de l’entreprise.
Pour la Bourse d’Alger, cette émission constitue un test grandeur nature. Après des années de léthargie, la place financière algérienne tente de séduire les entreprises locales. Les obligations d’Arab Leasing pourraient faire école et inciter d’autres sociétés à explorer cette voie de financement.
Reste à voir si cette première expérience convaincra durablement les investisseurs. À 5,65% sur cinq ans, le rendement dépasse largement celui des placements bancaires classiques. Mais il faudra que l’entreprise tienne ses promesses de croissance pour justifier cette prime de risque accordée par les souscripteurs.