En accueillant du 6 au 8 décembre la 4ᵉ Conférence africaine des startups (ASC 2025), l’Algérie ne cherche pas seulement à organiser un rendez-vous continental : elle veut montrer les résultats d’une politique publique qui a, en quelques années, totalement changé d’ambition. De 200 startups en 2019, le pays est passé à plus de 10 000 aujourd’hui, avec un objectif clair : atteindre 20 000 startups d’ici 2029.
Pour le ministre de l’Économie de la connaissance et des Startups, Noureddine Ouadah, cette dynamique n’est pas un slogan. Elle s’inscrit dans « une volonté politique assumée », portée depuis 2020, et qui vise à faire des startups un outil stratégique : réduire les importations, résoudre les blocages industriels et renforcer la souveraineté technologique.
Startups : un levier économique, pas seulement social
Contrairement aux lectures traditionnelles, le ministre insiste sur l’impact des startups ne se mesure pas par l’emploi. L’enjeu se situe ailleurs.
« Deux ingénieurs maîtrisant l’IA produisent le travail de mille employés classiques », rappelle-t-il. Les startups créent de la valeur, comblent les manques technologiques et apportent des solutions que l’industrie attend depuis longtemps.
L’exemple cité par le Premier ministre est éloquent : une startup algérienne a réglé un problème technique évalué à 1,2 million de dollars par un prestataire étranger… pour seulement 6 millions de dinars. L’économie réalisée n’est pas marginale : elle illustre ce que peut générer un écosystème local compétent.
L’ASC 2025 portera un thème central : “Raising African Champions”
L’Algérie veut y montrer ses success-stories, mais aussi apprendre des écosystèmes les plus avancés du continent : Nigeria, Égypte, Kenya, Afrique du Sud ou Rwanda.
Le programme ASEP, qui envoie des gérants de startups dans les grands pôles mondiaux (États-Unis, Chine, Corée, Japon), complète cette stratégie. L’objectif est clair, construire une indépendance technologique africaine, réduire les barrières entre pays, faire circuler les expériences et donner aux jeunes innovateurs les moyens d’impacter leurs économies.
2026 : la révolution administrative en ligne de mire
Le prochain grand chantier est déjà lancé, le gouvernement veut rendre possible, en 2026, la création d’entreprise 100 % en ligne. Une rupture totale avec les pratiques actuelles. L’idée est simple : faciliter la vie des entrepreneurs et permettre, en cas d’échec, une sortie rapide pour recommencer. Le ministre veut reproduire la réussite du statut startup sur l’ensemble de l’économie.
Le taux de mortalité des startups en Algérie se situe à 60–65 %, comparable aux standards internationaux. Selon une étude menée sur 1 000 startups, 30 à 35 % atteignent la phase de croissance et 15 % basculent dans la catégorie « world class ».
Les évaluations plus finement structurées devraient arriver à partir de 2027, lorsque suffisamment de startups auront dépassé les premières années critiques.
Pour la conférence de décembre, les projections sont optimistes : entre 10 et 20 millions de dollars de levées de fonds pour les startups algériennes, et jusqu’à 50 millions pour l’ensemble de l’événement. Sans comparaison avec les grandes foires commerciales, mais suffisant pour mesurer le chemin parcouru.






