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« Au Liban, nous voulons le changement en faisant des propositions » (Claudia Kozman-universitaire)

Par Ahmed Gasmia
1 novembre 2019

Claudia Kozman, maître-assistante à l’université libano-américaine de Beyrouth nous parle d’une action menée par des enseignants universitaires libanais indépendants, au cœur de la révolte populaire, pour suggérer au pouvoir une solution de sortie de crise.

Maghreb Emergent : est-ce que vous pouvez nous parler de votre rôle au sein du mouvement populaire qui secoue le Liban depuis quelques semaines ?

Claudia Kozman: nous menons, en tant qu’enseignants universitaires in dépendants, des actions pour soutenir les manifestants pacifiques, mais nous avons surtout lancé une dynamique ouverte à tous les professeurs d’université pour alimenter le débat en vue de proposer, à l’Etat, des solutions qui peuvent être utiles pour sortir de la crise. Les enseignants spécialisés dans les domaines des sciences politiques, du droit, de l’économie, du journalisme et autres sont invités à contribuer à des réunions dans l’objectif de faire des propositions pour assurer la bonne gouvernance du pays. Notre exigence est de changer de gouvernement. Nous voulons passer d’un Etat communautariste, clientéliste vers un Etat civil, démocratique et non communautariste. Et nous ne voulons pas nous contenter d’exiger ce changement, nous voulons faire des propositions concrètes pour y parvenir. 

En tant que spécialiste des médias, que pouvez-vous nous dire au sujet du rôle joué par les médias libanais dans ce qui se passe dans le pays?

Les médias sont fortement impliqués. Au Liban, nous avons des médias politisés à peu près à 100%. Ils ont des tendances politiques et communautaristes et ils sont très présents sur le terrain. D’ailleurs, une étude plus approfondie sur le rôle qu’ils jouent dans la révolte populaire mérite d’être menée.

Est-ce que les médias libanais ont été victimes de censure depuis le début de la révolte?

Non. D’ailleurs, le ministère de l’Information, lui-même, a été dissout il y a  quelques jours, car il n’appliquait pas la loi. De manière générale, chez nous, il y a une différence entre ce qu’il y a sur le papier et entre ce qui se fait réellement. Beaucoup de lois ne sont pas respectées, mais il n’y a pas de vraie censure médiatique au Liban. Il y a, cependant, des médias qui ont des partis pris et qui font des couvertures médiatiques négatives sur ce qui se passe ou ne disent pas toute la vérité.

Concernant les réseaux sociaux, ces derniers sont très importants dans le mouvement que connaît le pays. Ils ont eu le même poids  qu’ils ont eu dans les autres pays arabes pendant leurs révoltes respectives. J’ai entendu parler d’auteurs de certains post de Facebook ou des groupes de WhatsApp qui ont été enlevés, mais on ne sait pas qui exactement est responsable de ces actions.

Quel regard portent les Libanais sur les révoltes des autres pays arabes ?

En réalité, les gens ne parlent pas beaucoup des révoltes des pays arabes. Nous considérons que la situation au Liban est quelque peu différente de celles qu’on connu ces pays. Les autres pays de la région ont pour point commun l’existence d’un tyran au pouvoir. Nous au Liban, nous en avons, beaucoup plus.

Beaucoup de gens exigent, aujourd’hui, la mise en place d’un gouvernement technocratique. Jusqu’ici, on nommait les ministres selon leur appartenance partisanes. Nous voulons désormais que cela soit fait sur la base des compétences des personnes.

 Vous n’avez pas peur que le pouvoir joue la carte du communautarisme pour diviser le mouvement?

Il l’a fait. Il y a des régions où il y a eu quelques frictions communautaristes. Mais, globalement, il y a une prise de conscience de la part du peuple qui veut dépasser ces clivages. Au Liban, la situation a changé. Avant, les gens avaient peur des religieux, maintenant ils osent les critiquer. Avant, les manifestations se déroulaient à chaque fois dans une région donnée. Aujourd’hui, tout le Liban est en train de bouger.

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