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Avec sa diplomatie « soft power », le Royaume-Uni se fait offensif en Algérie

Par Maghreb Émergent
24 juin 2014
La visite historique de David Cameron à Alger en 2012 a été suivie de la signature d'un partenariat stratégique entre Alger et Londres

Depuis la visite historique du Premier ministre britannique, David Cameron à Alger en janvier 2013, les relations économiques entre l’Algérie et le Royaume-Uni ont connu une remarquable expansion.

De statut de simple partenaire économique, la Grande Bretagne a pu accéder à celui de «partenaire exceptionnel», au même titre que la France et la Chine, les deux poids lourds dans les échanges économiques avec l’Algérie. C’est la visite de deux jours, la première en Algérie depuis 1962, d’un Premier Ministre Britannique, qui a renforcé les relations entre les deux pays.
Intervenue dans un contexte de tension, les 30 et 31 janvier 2013, soit quelques jours après l’attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine qui avait coûté la vie à 38 expatriés, dont des britanniques de British Petroleum (BP), cette visite n’était pourtant pas inscrite dans l’agenda de David Cameron. Mais elle avait été présentée comme une visite de « travail et d’amitié » par les autorités britanniques. Pour ces dernières, il était question de renforcer le dialogue politique entre l’Algérie et le Royaume-Uni et de promouvoir la coopération bilatérale, en mettant l’accent sur le volet sécuritaire et la lutte anti-terroriste et les questions économiques et culturelles. «Nous nous sommes mis d’accord pour qu’il y ait un partenariat stratégique entre nos deux pays (…), nous avons également parlé de la nécessité de renforcer l’enseignement de la langue anglaise en Algérie », avait déclaré David Cameron, à l’issue de cette visite qui a permis au Royaume-Uni de sceller un partenariat d’exception, dont la chancellerie à Alger a célébré, en janvier dernier, le premier anniversaire.
Terrain balisé dès 2012
Mais si la venue de David Cameron à Alger peut s’apparenter à une visite frappée du sceau de l’urgence, le Royaume Britannique avait pris le soin de baliser le chemin vers ce nouveau statut dès 2012, avec les deux visites de Lord Marland, envoyé spécial du Premier ministre britannique pour le Commerce et les Investissements étrangers. Ces déplacements ont été couronnés, en novembre de la même année, par l’installation d’un « monsieur Algérie », à savoir Lord Risby, en qualité de responsable du développement du partenariat économique avec l’Algérie.
Depuis la nomination de Lord Risby, on ne compte plus le nombre de missions d’hommes d’affaires britannique en Algérie. L’année 2013 a été la plus prolifique avec des visites de part et d’autre pour faire connaitre les opportunités d’investissements en Algérie. Ces actions se sont poursuivies également durant l’année 2014, où l’on note de nombreuses visites de missions britanniques, la dernière en date étant celle de la prospection du secteur de l’énergie par six sociétés écossaises et la visite de Mme Alderman Fiona Woolf, lord-maire de la City de Londres en compagnie de sociétés de la place financière londonienne. L’objectif de cette dernière mission est d’établir des liens avec la communauté d’affaires algérienne pour le développement d’ « une industrie des services financiers durable et rentable».
8,3 milliards de dollars d’échanges en 2013
L’année 2013 a été aussi celle où le volume des échanges s’était amélioré, consacrant l’Algérie comme premier partenaire commercial du Royaume-Uni au Maghreb. Selon des données de la Chambre de commerce arabo-britannique (ABCC), le volume des échanges commerciaux entre les deux pays en 2013 a atteint 8,36 milliards de dollars, en hausse de 3,6 milliards de dollars par rapport à 2012, avec une balance de 6,01 milliards de dollars favorable à l’Algérie.
Les hydrocarbures tiennent une place importante dans cette balance. Et l’énergie continuera à être l’un des ciments des relations de partenariat. L’Algérie, qui possède d’importantes réserves en gaz naturel, a été identifiée comme un marché prioritaire dans la politique de sécurité énergétique du Royaume Britannique, qui songe sérieusement à assurer environ 10 % de sa demande en gaz en provenance de l’Algérie, dans les années à venir.
L’énergie demeure également le secteur qui intéresse le plus les entreprises britanniques désireuses d’investir en Algérie, où la plupart des missions se sont focalisées sur ce domaine, notamment celui des énergies renouvelables. Ce secteur fait partie des axes majeurs du développement du nouveau partenariat économique entre les deux pays, illustré par l’organisation de la première Conférence algéro-britannique sur les énergies renouvelables, organisée à Alger quelques semaines après la visite de David Cameron.
Diplomatie «soft power»
Le Royaume-Uni s’efforce par ailleurs de donner de la visibilité à ses actions et à sa présence. Fidèles à leur doctrine de diplomatie « soft power », les Britannique ont fait ces deux dernières années un forcing pour la promotion et l’enseignement de la langue et la culture anglaise. Un grand pas a été franchi au début de l’année avec l’inauguration de la British School For English et la signature d’un mémorandum d’entente et de coopération pour la promotion de l’enseignement de la langue anglaise en Algérie avec le ministère algérien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Selon les termes de cet accord, le MERS s’est engagé, pour les cinq prochaines années, à envoyer chaque année, 100 doctorants en langue anglaise au Royaume-uni avec prise en charge totale, et ce à partir de l’année universitaire 2014-2015.
Le British Council, l’organisme de promotion de la langue anglaise en Algérie a élaboré un programme pour améliorer l’enseignement de l’anglais dans les secteurs public et privé, avec le soutien d’experts britanniques. Pour promouvoir davantage la langue anglaise en Algérie, un nouveau centre de British Council ouvrira ses portes en septembre ou octobre prochain à Alger.

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