Le secteur de l’aviculture en Algérie clôt l’année dans une situation alarmante, sans perspective claire de sortie de crise. Engluée depuis plus d’une année dans des difficultés structurelles et conjoncturelles, la filière continue de s’enfoncer. Pour les aviculteurs, 2025 restera comme une année noire, marquée par des pertes financières colossales et une fragilisation durable de l’ensemble du tissu productif.
Cette année cauchemardesque est particulièrement difficile à effacer de la mémoire collective, notamment chez les petits aviculteurs, maillon le plus vulnérable de la chaîne. Dans leur immense majorité, ils ont fonctionné à perte presque toute l’année, incapables de couvrir leurs coûts de production. À l’exception de deux courtes périodes — à la veille du mois de Ramadhan et durant la première semaine de la rentrée scolaire — les producteurs ont rarement vendu le poulet vivant à un prix supérieur à leur coût de revient.
Un coût de revient supérieur au prix de vente
Sur le marché de gros, le prix du poulet vivant a oscillé entre 210 et 260 dinars le kilogramme, alors que le coût de revient moyen se situe autour de 260 dinars le kilogramme, voire davantage pour les petites exploitations. Cette équation économique intenable a fini par produire ses effets : de nombreux aviculteurs ont jeté l’éponge, parfois définitivement. Mois après mois, les pertes se sont accumulées, rendant la situation financière insoutenable.
Étranglés par les dettes, certains producteurs ont été contraints de liquider leurs élevages, vendre leurs équipements et leurs bâtiments, dans l’espoir de récupérer une partie de leurs investissements et de se reconvertir vers d’autres activités. Cette vague de sorties fragilise encore davantage la filière, déjà exposée à une forte volatilité des prix des intrants, notamment l’aliment de bétail.
À l’origine de cette chute prolongée des prix figure une décision des hautes autorités d’importer des quantités importantes de poulet congelé en provenance du Brésil. Cette mesure, initialement destinée à stabiliser les prix durant les pics de consommation — notamment pendant le mois de Ramadhan — s’est transformée en un facteur de déséquilibre durable. L’inscription de ces programmes d’importation dans la durée a lourdement pénalisé les producteurs locaux, incapables de concurrencer un produit brésilien reconnu comme l’un des moins chers au monde.
Sans réajustement des prix de vente, ni intervention ferme et ciblée de l’État pour soutenir la filière avicole, le scénario pour 2026 s’annonce sombre. Les aviculteurs encore en activité pourraient, à leur tour, mettre la clé sous le paillasson. À ce rythme, c’est toute la souveraineté nationale en matière de production avicole qui est menacée.