Le choix d’un texte de l’historien français Benjamin Stora pour l’épreuve de français du Bac 2025 en Algérie a provoqué l’indignation de l’historien algérien Hosni Kitouni. Dans une réaction sévère sur son compte Facebook, il dénonce une initiative qu’il juge « scandaleuse », reprochant au texte de Stora de reprendre des éléments du narratif colonial français, notamment sur la question sensible de la propriété foncière en Algérie.
Le cœur de la controverse réside dans l’affirmation selon laquelle il n’existait pas de propriété privée de la terre en Algérie avant 1830, une idée que Kitouni réfute catégoriquement. Selon lui, cette déclaration méconnaît la réalité historique largement documentée par les historiens algériens. Il rappelle que les terres agricoles des montagnes, les zones maraîchères ainsi que les oasis étaient bel et bien de statut privé, structurées par des formes de possession coutumière et juridique précises.
Kitouni va plus loin, en pointant les termes euphémisants utilisés pour décrire la colonisation. Selon lui, dire que « la colonisation a lié son avenir économique à l’agriculture » masque la réalité brutale de la dépossession : exploitation du travail indigène, confiscation massive des terres, fiscalité extractive et peuplement invasif. Il insiste sur le fait que la colonisation fut avant tout une entreprise d’accaparement, soutenue par un arsenal juridique comme les lois Warnier ou les procédures de licitation, qui ont permis à des spéculateurs européens d’acquérir à bas prix des terres arrachées aux familles algériennes.
L’omission du Séquestre, disposition centrale dans l’expropriation massive des terres après l’insurrection de 1871, est également jugée inadmissible. Cette mesure a permis à l’administration coloniale de s’emparer de 500.000 hectares, et serait à l’origine de 4/5eme des six millions d’hectares soustraits aux Algériens.
Pour Kitouni, la terre fut l’enjeu principal de la violence coloniale, comparable dans son analyse à d’autres formes contemporaines de dépossession, comme à Gaza. Il accuse certains historiens français de minimiser ou d’éluder cette réalité, et affirme que les colons européens ont été les moteurs actifs de cette dynamique spoliatrice.
Enfin, Hosni Kitouni estime que ce choix pédagogique constitue « une très malheureuse initiative parce qu’il ne rend pas justice aux victimes de la colonisation et à la vérité historique ».
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