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Baléares 2025 : sept fois plus de migrants algériens que marocains

Par Oussama Nadjib 25 septembre 2025
Une inversion des flux migratoires ) partir de l'Algérie et du Maroc constatée en 2025

Les arrivées de migrants algériens sur les côtes espagnoles ont explosé en 2025, reléguant les Marocains loin derrière. Une bascule historique documentée par le site El Confidencial, qui révèle une recomposition des routes migratoires en Méditerranée occidentale.
C’est un chiffre qui frappe les esprits : entre janvier et juillet 2025, l’Espagne a enregistré sept fois plus de migrants algériens que marocains sur ses côtes, selon une enquête publiée le 25 septembre par El Confidencial.
Une inversion spectaculaire des flux migratoires maghrébins, qui bouleverse les équilibres habituels et reconfigure les routes de l’exil en Méditerranée occidentale.


Les Baléares, nouveau point chaud


L’archipel des Baléares devient l’épicentre de cette poussée migratoire. Jusqu’au week-end dernier, 5 503 migrants, en majorité algériens, ont débarqué à bord de 296 embarcations.
Ce chiffre représente une hausse de 70 % par rapport à l’année précédente, et le record annuel de 5 882 arrivées sera probablement dépassé dès l’automne, période traditionnellement la plus intense.
Face à cette pression, le gouvernement espagnol a déclaré une « urgence migratoire » et débloqué 6,75 millions d’euros pour renforcer les dispositifs d’accueil, les structures humanitaires et les capacités de réponse sur le terrain.


Algériens en tête, Marocains en recul


Sur l’ensemble du territoire espagnol, les Algériens dominent désormais les statistiques migratoires. Entre janvier et juillet, ils sont 4 099 à avoir atteint les côtes, contre “seulement” 593 Marocains.
Ces derniers sont désormais devancés par les Somaliens (1 190) et les Maliens (474). El Confidencial souligne que les Algériens « représentent la somme de toutes les autres nationalités » arrivées par voie maritime, confirmant une tendance lourde.


Une recomposition des routes


Cette bascule s’explique par une série de facteurs convergents. D’abord, la fermeture progressive de la route vers l’Italie, sous l’impulsion du gouvernement Meloni, a réduit de 67 % les arrivées dans la péninsule, poussant les migrants à se tourner vers l’Espagne.
Ensuite, la situation politique et sociale en Algérie qui favorise l’émergence de nouvelles filières.
Les trafics organisés prolifèrent, avec utilisation de pateras et vedettes rapides pour traverser la Méditerranée dans des conditions très dangereuses, à partir de ports algériens comme Oran et Mostaganem.
Cette route est désormais considérée comme la plus active d’Europe, devant celle des Canaries, avec une augmentation spectaculaire des interceptions en mer.
Mais au-delà des réseaux de migrants, El Confidencial met en avant un désespoir générationnel qui semble alimenter le phénomène, les jeunes ne voyant aucun changement possible dans leur vie.
Akram Belkaïd, rédacteur en chef au Monde Diplomatique, cité par El Confidencial, évoque également “toute une mythologie autour de la harraga », ces jeunes qui brûlent les frontières. Un ancien haut responsable algérien, dont le nom n’est pas cité, se dit consterné par « l’influence des réseaux sociaux qui exhibent des modèles de réussite en Europe qui ne correspondent pas à la réalité ».


Le Maroc freine, sauf à Ceuta et Melilla


Contrairement à l’Algérie, le Maroc semble avoir renforcé ses contrôles migratoires, du moins sur les côtes.
Cette sévérité accrue s’inscrit dans le cadre du rapprochement diplomatique entre Madrid et Rabat, amorcé par le « giro » de Pedro Sánchez sur le Sahara Occidental.
En mars 2022, le chef du gouvernement espagnol avait reconnu la souveraineté marocaine sur le territoire disputé, en échange d’une coopération renforcée sur les questions migratoires et sécuritaires. Depuis, les flux marocains vers la péninsule ont nettement diminué.
Les enclaves de Ceuta et Melilla font exception. Là, les arrivées à la nage ont augmenté de 26 % depuis le début de l’année, atteignant 2 628 personnes. Les Marocains restent majoritaires dans ces traversées, suivis par les Algériens.


Silences diplomatiques et inquiétudes croissantes


Si Alger reste silencieux, Madrid ne communique guère davantage. Le ministère espagnol de l’Intérieur ne publie plus les données migratoires par nationalité sur son site officiel.
Selon El Confidencial, cette rétention d’information s’explique par des « raisons politiques, pour ne pas incomoder les pays du Maghreb ».
Une stratégie de discrétion diplomatique qui contraste avec la réalité sur le terrain, où les autorités locales et les chiffres de Frontex confirment l’ampleur du phénomène algérien.

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