Dans un contexte où les financements internationaux se détournent progressivement des projets fossiles, les pays producteurs africains cherchent à se doter de leurs propres outils de financement. L’Organisation africaine des producteurs de pétrole (APPO) vient de confier à l’Algérie la création de la Banque africaine de l’énergie, un établissement qui démarrera avec 500 millions de dollars de capital.
La décision a été prise le 4 novembre à Brazzaville, lors de la 48ᵉ session du Conseil ministériel de l’APPO. Le ministre algérien Mohamed Arkab pilote désormais le groupe de travail chargé de mettre en place cette nouvelle institution. Il devra finaliser le cadre juridique, la structure de gouvernance et le montage financier avant que la Banque ne puisse démarrer.
L’APPO, qui rassemble seize pays producteurs de pétrole et de gaz du continent, tente depuis plusieurs années de structurer une réponse collective face au désengagement des bailleurs occidentaux. La Banque africaine de l’énergie s’inscrit dans cette logique. Elle devra financer aussi bien des infrastructures pétrolières et gazières que des projets de transition énergétique, avec des capitaux africains. Le modèle s’inspire d’institutions comme Afreximbank, qui finance déjà le commerce intracontinental.
Un projet qui reste conditionné aux contributions des États
Mais le projet reste pour l’instant théorique. Les seize États membres doivent maintenant verser leurs contributions respectives pour atteindre le seuil minimal de 500 millions de dollars. Sans cet apport, la Banque ne pourra pas ouvrir. L’établissement sera supervisé conjointement par le Secrétariat de l’APPO, son Conseil exécutif et l’Africa Energy Investment Corporation (AEICorp), le bras financier de l’organisation.
Un second groupe ministériel, dirigé par le Sénégalais Birame Soulèye Diop, suivra les activités de l’AEICorp. Cette architecture à deux niveaux témoigne d’une volonté de professionnaliser la gouvernance de l’organisation et de répartir les responsabilités entre ses membres les plus influents.
Pour l’Algérie, ce mandat confirme son poids dans la diplomatie énergétique africaine. Le pays est déjà impliqué dans plusieurs projets régionaux, notamment le gazoduc transsaharien vers le Nigeria, et dispose d’une expertise reconnue dans le secteur des hydrocarbures. Cette désignation intervient par ailleurs au moment où Alger renforce ses relations avec les pays subsahariens, notamment dans les domaines énergétique et sécuritaire.
Lors de la session de Brazzaville, le président congolais Denis Sassou Nguesso a annoncé que le Congo accueillera en 2026 le premier sommet des chefs d’État de l’APPO. La Banque y sera présentée comme l’un des dossiers prioritaires. Les ministres présents ont également validé le programme de travail 2026 de l’organisation et les comptes audités pour 2024.
Le Conseil a enfin nommé l’Algérien Farid Ghezali au poste de secrétaire général de l’APPO pour la période 2026-2028. Il remplace le Nigérian Omar Farouk Ibrahim, en poste depuis six ans. La prochaine réunion ministérielle se tiendra en Côte d’Ivoire fin 2026.





