Lorsque le gouverneur de la Banque d’Algérie alerte, à Washington, sur la vulnérabilité des pays exportateurs de la région MENA, c’est implicitement le cas algérien qu’il met en miroir.
En marge de la 52e réunion annuelle du Comité monétaire et financier international (IMFC) tenues les 16 et 17 octobre à Washington, Salah-Eddine Taleb a défendu la nécessité d’un multilatéralisme rénové, estimant que la montée du protectionnisme et les déséquilibres macroéconomiques mondiaux accentuent la vulnérabilité des économies dépendantes des hydrocarbures.
Le gouverneur a souligné que le ralentissement de la croissance mondiale, combiné à la volatilité persistante des marchés énergétiques, pèse déjà sur les équilibres budgétaires et extérieurs des pays émergents. Évoquant la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MOANAP), il a averti que la fragilité de ces économies pourrait s’aggraver si la coopération internationale ne se réoriente pas vers une meilleure coordination des politiques économiques.
Une fragilité budgétaire accentuée par la volatilité du pétrole
Cette lecture vaut particulièrement pour l’Algérie, dont le budget 2026 repose sur un prix de référence du baril fixé à 60 dollars; un seuil jugé prudent, mais vulnérable aux variations du marché. Dans un contexte de forte volatilité, cette hypothèse illustre la fragilité d’un modèle économique encore largement tributaire des recettes d’hydrocarbures. Le gouverneur a, à ce titre, réaffirmé la nécessité d’accélérer la diversification afin d’élargir la base productive, de réduire la dépendance aux revenus énergétiques et de consolider la résilience financière du pays.
Pour Salah-Eddine Taleb, la stabilité des économies exportatrices repose à la fois sur la consolidation des réformes internes et sur la relance de la concertation internationale autour des enjeux de dette, d’investissement et de transition énergétique. Il a insisté sur la nécessité d’une architecture multilatérale capable d’accompagner les pays émergents dans leurs transformations structurelles, dans un contexte où les marges budgétaires se resserrent et où les flux de capitaux deviennent plus sélectifs.
En filigrane, l’intervention du gouverneur traduit la position d’Alger : défendre une meilleure intégration des économies en développement dans la gouvernance financière mondiale, tout en consolidant leurs propres fondations économiques face à un environnement international incertain.