Chaque année, la coupure d’internet pendant les examens nationaux du BEM (Brevet d’Enseignement Moyen) et du BAC (Baccalauréat) est devenue une pratique récurrente. Cette mesure, destinée à lutter contre la triche, suscite, depuis son instauration en 2016, un débat intense en raison de ses conséquences économiques lourdes et de son impact sur la vie quotidienne des citoyens.
Une tradition controversée qui pourrait se poursuivre en 2025
La coupure d’internet durant le BEM et BAC est devenu systémique. En 2024, malgré une déclaration initiale du ministre de l’Éducation nationale, Abdelkrim Belabed, assurant qu’il n’y aurait pas de coupure, le gouvernement a finalement maintenu cette mesure, provoquant une vive polémique.
Pour cette année 2025, les examens du BEM se tiendront, à partir de demain, dimanche 1er au mardi 3 juin, et ceux du BAC sont programmés du 15 au 19 juin, aucune confirmation officielle n’a été donnée quant à une éventuelle coupure d’internet pendant ces périodes, mais la tradition laisse planer un doute sur la possibilité d’une répétition de cette pratique, du moins pour la première heure de chaque épreuve.
Toutefois, une batterie de mesures classique a été annoncée, il y a quelques jours, pour assurer le bon déroulement des examens finaux de l’année scolaire, telles que l’interdiction des terminaux de communication dans les centres d’examen.
Un coût économique très lourd pour le pays
Au-delà de la polémique sur la liberté d’accès à l’information, les coupures d’internet ont un impact économique considérable. Les pertes pour les entreprises algériennes, tout secteur confondu, sont estimées à plusieurs centaines de millions de dollars chaque année où la coupure est appliquée.
Par exemple, en 2018, la coupure d’internet pendant cinq jours du baccalauréat a entraîné une perte de production évaluée à environ 760 millions de dinars algériens (environ 6 millions de dollars). Certaines entreprises rapportaient une perte sèche de 250 000 dinars par jour (près de 1 800 euros) et des employés mis au chômage technique durant cette période. En 2020, les pertes ont été estimées entre 15 et 50 milliards de dinars (115 à 388 millions de dollars), affectant particulièrement les opérateurs télécoms, les startups et les entreprises dépendantes d’internet. En 2021, une interruption de cinq jours a provoqué plus de 500 millions de dollars de pertes économiques, selon l’outil NetBlocks COST, spécialisé dans le calcul de l’impact économique des coupures internet.
Ces chiffres illustrent à quel point la coupure d’internet, bien que « justifiée » par les autorités comme une mesure anti-fraude, pèse lourdement sur l’économie nationale. Les entreprises, publiques et privées, subissent une baisse d’activité, des arrêts de services numériques, et doivent souvent recourir au chômage technique.
Un dilemme entre sécurité des examens et développement économique
La coupure d’internet lors des examens soulève un dilemme majeur pour l’Algérie : comment concilier la lutte contre la triche scolaire avec la nécessité de préserver l’économie numérique et l’accès à l’information ? Alors que le pays s’efforce de développer son secteur des technologies de l’information et de la communication, ces interruptions répétées freinent la croissance des entreprises et pénalisent les citoyens.
Pour l’année 2025, les autorités devront donc peser soigneusement les bénéfices attendus d’une coupure d’internet contre ses coûts économiques et sociaux. Plusieurs experts et internautes ont formulé des solutions Une alternative pourrait consister à renforcer les dispositifs anti-fraude sans recourir à une interruption totale du réseau, afin de protéger à la fois l’intégrité des examens et la vitalité économique du pays.