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Finances

Benkhalfa adopte un discours très convenu et esquive les grands dossiers

Par Yazid Ferhat
30 juin 2015
Abderrahmane Benkhalfa, analyste économique et financier/Ph: Y.Bouktache

Attendu sur les grands dossiers, comme la baisse des recettes extérieures, le déficit budgétaire, l’investissement, le ministre des finances Abderrahmane Benkhalfa a botté en touche. Il a parlé de mesures techniques, de monétique et d’usage du chèque.

 

Le nouveau Benkhalfa est arrivé. Après un mois et demi de silence, lui qui était d’habitude très prolixe, le ministre le plus attendu du gouvernement Sellal, Abderrahmane Benkhalfa, a retrouvé la parole pour, finalement, ne rien dire. Aucune annonce nouvelle, aucune décision significative. Répétant un discours très convenu sur la nécessité de la bonne gouvernance, du maintien des aides de l’Etat et de la nécessité de moderniser l’économie algérienne, M. Benkhalfa s’est contenté d’énumérer une série de bonnes intentions. Sans plus. Son discours tranche avec la volonté de réforme qu’il affichait avant de faire son entrée au gouvernement, le 14 mai dernier. Ses propos montrent qu’il est parfaitement entré dans le costume du ministre algérien, soucieux d’abord de ne pas faire de vagues.

La mise en scène était pourtant alléchante. Souhila Hachemi, animatrice de l’émission phare de la chaine trois de la radio, était sollicitée pour servir de sparring-partner alors que son émission était à l’arrêt depuis le début du ramadhan. Mais M. Benkhalfa a systématiquement esquivé, renvoyant toutes les nouvelles initiatives à la loi de finances complémentaires, actuellement « dans les laboratoires ». Mais il a surtout pêché en évoquant des questions techniques, alors que le ministre des finances était attendu sur les grands choix stratégiques auxquels doit faire face l’économie algérienne, avec la chute des revenus extérieurs et l’énorme déficit de la balance des paiements qui se profile.

La monétique au niveau de la téléphonie mobile

M. Benkhalfa s’est contenté de parler de la dernière mesure concernant l’obligation d’utiliser le chèque pour les transactions supérieures à un million de dinars. La mesure vise à « diminuer le cash », à « sécuriser la clientèle », et à « recycler progressivement les fonds ».

« Quand des transactions se déroulent hors système du bancaire, cela veut dire que le pays se prive de ressources », a-t-il dit. Il a plaidé pour quelques priorités, comme « l’optimisation des ressources, la bancarisation et l’inclusion ». Pour lui, il faut « plus de comptes », d’autant plus que les banques algériennes sont, selon lui, « fortes et très crédibles », même si elles pêchent par un manque de « réactivité ».

M. Benkhalfa a insisté sur des sujets consensuels. Il faut pousser le développement de la monétique « au niveau de la 3G » et de la téléphonie mobile, a-t-il dit. Selon lui, on ne peut pas avoir un secteur de téléphonie « aussi moderne » et, en parallèle, « un naufrage » dans le secteur bancaire ».

Il a lancé un appel « aux commerçants, au patronat, aux banquiers pour élargir la plateforme » de paiement électronique. Il a particulièrement insisté sur les banques, qui « doivent aller vers les commerçants ». « J’espère qu’elles me suivront », a-t-il dit.

Non, la situation n’est pas au rouge

Quant à la situation générale du pays, M. Benkhalfa s’est tenu au discours rassurant traditionnel. La situation est au rouge ? Non, dit-il, mais il faut faire preuve de « vigilance ». « Nous ne sommes pas à l’austérité, mais à la rigueur », ajoute-t-il.  « Nous avons une marge de manœuvre pour quelques années », durant lesquelles « nous devons changer de cap dans l’usage des fonds disponibles ». Pour lui, il y a « besoin d’un retour de la croissance, de l’efficience et de l’optimisation des ressources ».

Il se veut aussi rassurant sur les subventions. « Les acquis ne seront pas touchés ». Selon lui, « la révision du dispositif de subvention n’est pas à l’ordre du jour », et « il insiste : il n’y aura « pas de de recul sur les mesures sociales ».

L’entreprise doit renvoyer l’ascenseur

Comment organiser le virage? M. Benkhalfa ne dit pas un mot. Il se contente de promettre et de rassurer. Les mesures prises sur l’utilisation du chèque ne visent pas à « réprimer », mais à « motiver », pour « encourager » le recours aux banques. L’objectif est de « moderniser le pays, pas à lutter contre qui que ce soit ».

En revanche, le ministre des finances demande aux entreprises de « renvoyer l’ascenseur » après toutes « les exemptions et facilités de ces dernières années ». Il faut que l’Etat « touche une contrepartie de ces mesures ». Selon lui, « l’entreprise doit faire un effort », à charge pour l’Etat de faire preuve de « rigueur dans la gestion des finances ».

 

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