La remise des bulletins scolaires est paralysée dans plusieurs établissements éducatifs du pays en raison d’un mouvement de contestation des enseignants affiliés au Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (CNAPESTE). Conséquence directe de cette mobilisation, les moyennes générales des élèves n’ont pas été calculées, plongeant ainsi de nombreuses familles dans l’incertitude.
Le CNAPESTE a, en effet, décidé de boycotter la transmission des notes des évaluations continues, des devoirs et des examens, tout en s’engageant à informer directement les élèves de leurs résultats. Cette action s’inscrit dans une série de contestations entamées par le syndicat en raison de revendications non satisfaites par les autorités éducatives.
Le 3 mars dernier, le CNAPESTE a annoncé, dans un communiqué, une grève nationale qui s’est tenue les 16 et 19 mars 2025. Ces journées de débrayage ont été accompagnées de rassemblements au sein même des établissements scolaires. C’est également dans ce communiqué que le syndicat a officialisé son refus de transmettre les notes aux directions des écoles.
Selon des sources syndicales contactées par Maghreb Émergent, la mobilisation a été largement suivie à travers le pays. Les chiffres avancés indiquent un taux de participation oscillant entre 70 % et 90 % dans les lycées, entre 50 % et 70 % dans les collèges, et entre 25 % et 50 % dans les écoles primaires.
Face à cette contestation, le ministre de l’Éducation a réagi fermement mercredi, affirmant que le boycott de la saisie des notes constitue un « manquement à l’exécution des obligations professionnelles directement liées à l’élève » et qu’il « n’a aucun rapport avec l’aspect socio-professionnel » des revendications. Il a également insisté sur la nécessité d’adresser des mises en demeure aux enseignants grévistes, les exhortant à se conformer à leurs obligations sous peine de sanctions. Le ministre a, en outre, qualifié cette situation de « faute professionnelle grave » pouvant entraîner des mesures disciplinaires prévues par la loi.
Selon plusieurs syndicalistes, ces mises en demeure ont bien été reçues par les enseignants en grève. Ces derniers affirment avoir été menacés de ponctions sur salaire.
Cette situation intervient dans un contexte de tensions prolongées entre les syndicats et le ministère de l’Éducation. L’intersyndicale de l’éducation, qui regroupe le CNAPESTE, le Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (SNAPEST), le Conseil des Enseignants des Lycées Algériens (CELA) et l’Organisation algérienne des professeurs de l’éducation (Madjal), avait décidé de suspendre temporairement sa grève cyclique de deux jours par semaine entamée le 11 février dernier. Cette suspension visait à donner une chance au dialogue avec le ministère, sous réserve du respect du calendrier promis pour la révision du statut particulier et du régime indemnitaire du secteur.
Toutefois, la répression exercée à l’encontre des syndicalistes et l’absence de réponses concrètes de la tutelle ont ravivé la colère des enseignants. L’intersyndicale a dénoncé cette situation et appelé l’ensemble des enseignants à rester mobilisés.