La Banque Nationale d’Algérie (BNA) confirme sa position de leader incontesté du secteur bancaire public. Avec un Produit Net Bancaire (PNB) atteignant 213,6 milliards de dinars en 2024, la doyenne des banques publiques creuse l’écart avec ses principales concurrentes, la Banque Extérieure d’Algérie (BEA) et le Crédit Populaire d’Algérie (CPA).
L’augmentation de 27,6% du PNB par rapport à l’exercice 2023 souligne le dynamisme de l’établissement dans un contexte économique pourtant complexe.
La BEA, traditionnellement orientée vers les grands comptes et les secteurs stratégiques comme l’énergie, affiche un PNB de 75,55 milliards de dinars, tandis que le CPA se positionne en intermédiaire avec 118,5 milliards de dinars. L’écart est saisissant puisque la BNA génère près de trois fois plus de revenus bancaires que la BEA et dépasse le CPA de plus de 80%. Son réseau dense d’agences explique en partie sa capacité à collecter des dépôts qui ont atteint 2.471 milliards de dinars en mars 2025.
Le CPA n’est pas en reste avec 2.046 milliards de dinars de dépôts collectés en 2024, mais accuse néanmoins un retard de plus de 400 milliards par rapport à la BNA. Quant à la BEA, bien que ses chiffres précis ne soient pas disponibles, elle reste en deçà de ses deux concurrentes sur ce critère.
La rentabilité suit la même tendance. Avec un résultat net d’environ 76 milliards de dinars en 2024, la BNA surpasse la BEA et ses 50 milliards (avant impôts). Le CPA, pour sa part, se projette vers l’avenir avec un ambitieux programme visant un bénéfice cumulé de 327 milliards sur la période 2024-2028.
L’innovation constitue un autre axe de différenciation. La finance islamique, secteur en pleine expansion, a permis à la BNA d’attirer 50 milliards de dinars supplémentaires à fin mars 2025.
Le projet de doublement du capital de la BNA à 300 milliards de dinars marque une nouvelle étape dans sa stratégie d’expansion. Cette capitalisation renforcée lui permettra d’accompagner plus efficacement les grands projets d’infrastructure du pays et de soutenir le développement économique national.
La BEA, malgré son PNB plus modeste, conserve des atouts non négligeables. Ses fonds propres réglementaires s’élevaient à 543 milliards de dinars en 2023, lui conférant une solidité appréciable. Son expertise dans le financement des secteurs industriels et énergétiques en fait un partenaire privilégié pour les grandes entreprises publiques.
Quant au CPA, sa stratégie d’ouverture partielle au capital privé pourrait rebattre les cartes. Cette initiative vise à mobiliser plus d’un milliard de dollars pour dynamiser sa croissance et diversifier ses sources de financement.
Au-delà des chiffres qui établissent clairement la domination actuelle de la BNA, ces performances contrastées des trois principales banques publiques algériennes reflètent des stratégies de développement distinctes. Alors que la BNA capitalise sur son réseau étendu et l’innovation avec la finance islamique, la BEA mise sur sa solidité et son expertise sectorielle, tandis que le CPA prépare sa transformation via l’ouverture partielle de son capital.
Yasser K.