La Bourse d’Alger traverse une période de transformation sans précédant. Après des années de développement limité, le marché financier algérien enregistre une croissance substantielle grâce à l’introduction récente de deux banques publiques, un phénomène qui modifie considérablement sa position par rapport à ses voisines maghrébines.
Le premier trimestre 2024 a marqué l’introduction du Crédit Populaire d’Algérie (CPA) sur le marché boursier algérien, entraînant une multiplication par sept de la capitalisation boursière. Cette dernière a ainsi atteint 532 milliards de dinars, dynamisant un marché historiquement peu actif.
Dans la continuité de cette dynamique, l’entrée en bourse de la Banque de Développement Local (BDL) le 13 mars 2025 a renforcé cette tendance haussière. La capitalisation boursière a franchi un nouveau seuil pour s’établir à 733 milliards de dinars algériens (environ 5,4 milliards de dollars), représentant une progression de 43% supplémentaire.
Cette évolution remarquable représente une augmentation de plus de 700% par rapport aux 68 milliards de dinars enregistrés en 2023, selon les données disponibles. Yazid Benmouhoub, directeur général de la Société de gestion de la Bourse des valeurs mobilières (SGBV), a commenté cette progression, indiquant qu’elle “reflète la confiance des investisseurs et des entreprises en ce marché.”
Performances comparées avec les bourses voisines
Malgré cette progression significative, la Bourse d’Alger demeure en retrait par rapport à ses homologues régionales en termes de capitalisation absolue. La Bourse de Casablanca affiche une capitalisation nettement supérieure, atteignant 765 milliards de dirhams (environ 77 milliards de dollars) fin 2024. Parallèlement, la Bourse de Tunis présente une capitalisation intermédiaire, estimée à approximativement 9,4 milliards de dollars.
Sur le plan des performances, les trois places boursières ont enregistré des progressions notables récemment. L’indice MASI de la Bourse de Casablanca a progressé de 22,16% en 2024, tandis que le Tunindex a enregistré une hausse de 13,75% sur la même période. Pour sa part, la Bourse d’Alger, bien que ne disposant pas d’un indice comparable, a vu sa valorisation globale augmenter de 700% entre 2023 et 2024, illustrant ainsi une dynamique positive exceptionnelle.
Résultats de l’introduction de la BDL
L’introduction de la BDL sur le marché algérien s’est révélée particulièrement fructueuse. Elle a généré une demande dépassant l’offre de 21,74%, avec 53,8 millions d’actions demandées pour 44,2 millions proposées. Le montant collecté s’est élevé à 75,33 milliards de dinars, supérieur à l’objectif initial de 61,88 milliards.
Face à ce succès, il convient de noter que les actions ont été proposées à 1.400 dinars, soit en dessous de leur valeur réelle estimée à 1.546,39 dinars. Les dividendes annuels projetés sont estimés à environ 13%, avec un avantage fiscal significatif pour les souscripteurs qui bénéficieront également de 4,75% des bénéfices de la banque pour 2024, avec une exonération d’impôts sur ces bénéfices pendant cinq ans.
Profondeur de marché et perspectives
L’écart le plus marqué entre les trois bourses maghrébines concerne le nombre d’entreprises cotées. La Bourse d’Alger compte désormais 8 sociétés cotées, contre 6 précédemment, incluant notamment Saidal, Alliance Assurance et l’entreprise de gestion hôtelière El Aurassi. Au contraire, la Bourse de Tunis comprend significativement plus d’entreprises cotées et prévoit l’introduction de nouveaux acteurs comme BNA Assurances et Taraji Holding en 2025. Quant à la Bourse de Casablanca, malgré un nombre de sociétés cotées inférieur à celui de Tunis, elle maintient sa position de deuxième place régionale en termes de capitalisation.
Dans ce contexte régional, la Bourse d’Alger, créée en 1997, mais active depuis 1999, demeure la moins développée des trois en termes de maturité, liquidité et diversification sectorielle. Néanmoins, ses perspectives pour 2025 indiquent une valeur qui devrait atteindre 740 milliards de dinars, consolidant ainsi sa récente dynamique de croissance et réduisant progressivement l’écart avec ses voisines.