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Bouteflika mort, il échappe à la justice des hommes

Par Maghreb Émergent
18 septembre 2021

L’ex Chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika est décédé hier vendredi 17 septembre 2021 à Alger, sans être jugé comme le mouvement populaire du 22 février 2019 l’a revendiqué. Que pensent les spécialistes de ce départ sans jugement ?

Depuis hier soir, les Algériens évoquent le sujet. Ils regrettent le fait que Bouteflika soit mort avant qu’il ne soit jugé après 20 années de règne marqué par la corruption et un bilan macabre de 128 morts lors des manifestations de 2001 en Kabylie.

Contacté par Radio M, le politologue Toufik Bougaada, a affirmé que le jugement de Bouteflika était une revendication « populaire du Hirak, surtout que toute les preuves le condamnaient ». Il explique qu’après le décès du l’ancien chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaid Salah, en décembre 2019, le personnel politique au pouvoir qui, pour la plupart, a servi Abdelaziz Bouteflika et exercé durant son règne « n’a eu ni le courage ni l’audace de le poursuivre en justice ».

D’après l’universitaire, « le jugement de Bouteflika aurait pu changer la nature des procès des hauts responsables qui ont eu lieu, ce qui aurait eu pour conséquence de mettre les responsables actuels dans une position risquée ». « Ainsi, ils ont instauré une tradition politique de ne pas juger certains hauts responsables ».

L’avocate et militante politique, Me Nabila Smail a indiqué pour sa part que Bouteflika « a tout fait pour qu’il ne soit pas jugé ». Elle étaye son propos par « la non installation de la Haute Cour de l’Etat ».

« Bouteflika a tout fait pour que la Haute Cour de l’Etat qui est habilité à le juger ne soit jamais instaurée. Elle ne l’a pas été, malgré son existence dans les différentes Constitutions, dont l’actuelle » explique l’avocate.

De son côté, le sociologue Nacer Djabi, a fait savoir que la non traduction de l’ancien Chef de l’Etat en justice est un indice flagrant que « le système de Bouteflika n’est pas parti ». « Bouteflika n’a pas était jugé .. Même pas symboliquement », a rappelé le sociologue.

Après tous les procès de hauts responsables entre 2019 et 2021, Nacer Djabi trouve qu’il y a « une complicité entre les responsables condamnés afin de sauver le pouvoir en place, en contrepartie de garanties dont seul le temps et l’histoire nous en révélerons la teneur … » a-t-il dit.

« Aucun des responsable poursuivis et condamnés n’a osé dire qu’il recevait des ordres d’une manière directe de la part d’Abdelaziz Bouteflika, ni la justice n’a demandé de l’entendre. Si le Hirak avait atteint un point de rupture réel, Bouteflika aurait été sans doute jugé » a conclut le spécialiste.  

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