Le groupe Brandt France, filiale du groupe algérien Cevital, bénéficie d’une période d’observation de six mois dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire, renouvelable une fois en l’absence de solution.
Durant cette période, Brandt poursuit son activité industrielle sous la supervision d’un administrateur judiciaire, tandis que plusieurs pistes de reprise sont étudiées, sans confirmation officielle à ce jour. L’enjeu est de conclure une négociation avant la fin de cette période ; à défaut, l’entreprise s’exposerait à la liquidation de ses actifs et à la fermeture de ses usines françaises.
Contacté par Maghreb Emergent, le PDG de Cevital, Malek Rebrab, n’a pas souhaité s’exprimer sur ce dossier, promettant de transmettre notre demande au responsable compétent de son administration, sans suite.
« Le groupe a engagé depuis plusieurs mois une recherche très active de partenaire pour accompagner le développement de l’entreprise et faire face à une conjoncture de marché extrêmement difficile », rapporte la direction de Brandt citée dans les médias français.
L’impact sur le propriétaire Cevital
Pour Cevital, la crise de Brandt en France représente un affaiblissement de son image industrielle et une perte financière notable : Brandt représente une part significative, mais minoritaire, de son chiffre d’affaires global. Toutefois, le groupe demeure très diversifié- actif notamment dans l’agroalimentaire, le verre plat, la logistique et l’industrie lourde- ce qui limite l’impact global sur ses activités.
Après une baisse en 2023, le marché du gros électroménager a connu l’an dernier un nouveau recul de 3,9 %, affecté par une crise persistante de l’immobilier. L’achat de ces produits, notamment des appareils de cuisine, est souvent lié à l’acquisition d’un bien immobilier ou à un déménagement, selon le dernier bilan du Gifam (groupement des fabricants d’appareils et équipements ménagers).
Brandt, outre la marque éponyme, fabrique les produits des marques Vedette, Sauter et De Dietrich, et possède deux usines en France, à Orléans et Vendôme (Centre-Val de Loire), ainsi qu’un centre de service après-vente à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise) et un siège social à Rueil-Malmaison.
Présente dans 36 pays, Brandt a réalisé 260 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 70 % en France et 30 % en Europe.
L’impact de la crise sur Brandt Algérie
Brandt Algérie, filiale industrielle basée à Sétif et détenue également par Cevital, n’est pas directement concernée par la crise de Brandt France. Elle poursuit sa production, approvisionne le marché algérien et l’export, et emploie plusieurs milliers de salariés. Sa gestion, ses finances et son développement restent distincts de Brandt France, même si un climat d’incertitude pèse sur l’avenir industriel et commercial de la marque à l’international.
Si aucun repreneur ne se manifeste à l’issue de la procédure, les activités industrielles de Brandt en France seraient liquidées. Toutefois, la marque Brandt ne disparaîtrait pas : sa propriété intellectuelle resterait détenue par Cevital, qui pourrait choisir de l’exploiter hors de France, de la vendre à un tiers ou de la conserver sans usage immédiat. La marque perdrait toutefois son ancrage industriel et symbolique dans l’Hexagone, avec une interruption de la production locale.