Thomson Computing a présenté mercredi un projet de reprise partielle du site Brandt d’Orléans. L’avenir de la filiale française se joue désormais sans Cevital, le groupe algérien d’Issad Rebrab qui détenait Brandt depuis 2014.
Un projet de reprise du site Brandt d’Orléans a été présenté mercredi 24 décembre, moins de deux semaines après la liquidation judiciaire du groupe en France. L’entreprise Thomson Computing propose une relance partielle de l’activité industrielle, offrant une perspective de continuité à une partie des salariés dans un contexte social marqué par l’incertitude et l’urgence.
Le projet prévoit le redémarrage de l’usine avec environ 150 salariés dans une première phase, contre près de 350 avant la liquidation, avec la possibilité d’une montée en charge progressive jusqu’à 250 emplois sur un horizon de cinq ans, sous réserve d’un redressement de l’activité. Le schéma industriel repose sur le maintien d’une partie de la production d’électroménager, combinée à la création d’une nouvelle ligne dédiée au matériel électronique, afin de diversifier les débouchés et de stabiliser l’outil industriel.
Les autorités françaises ont accueilli cette proposition avec prudence. Le ministre français de l’Industrie, Sébastien Martin, a indiqué que l’ensemble des offres devra faire l’objet d’un examen rigoureux et qu’aucune reprise ne pourra être considérée comme acquise avant la clôture du processus officiel. Un appel d’offres doit être lancé en janvier, après l’abandon d’un projet de Scop précédemment soutenu par le groupe Revive.
La liquidation de Brandt, prononcée le 11 décembre par le tribunal de commerce de Nanterre, a mis en péril environ 700 emplois à l’échelle du groupe en France. Elle intervient après plusieurs années de difficultés structurelles, marquées par la baisse des ventes de gros électroménager en 2022 et 2023, puis par l’impact durable de la crise immobilière sur la demande. Placée en redressement judiciaire en octobre, l’entité française n’a pas réussi à trouver une solution de continuité avant l’échéance fixée par le tribunal.
Aucun lien avec Cevital Algérie
Cevital Algérie est, contrairement à des rumeurs diffusées ces derniers jours, sans lien avec les projets de reprise actuellement évoqués en France. Le groupe algérien n’a déposé aucune offre, n’a formulé aucune intention publique et n’apparaît dans aucun document relatif aux procédures de cession des actifs industriels de Brandt.
Pour mémoire, Cevital avait racheté en 2014 les actifs de Fagor-Brandt, alors en faillite, incluant les marques historiques, les sites industriels français d’Orléans et de Vendôme, ainsi que plusieurs centres de recherche. Cette opération avait permis le déploiement d’une stratégie industrielle articulée entre la France et l’Algérie, avec le développement d’un vaste complexe de production à Sétif, devenu l’un des plus importants sites d’électroménager du continent africain.
Si Brandt Algérie s’est consolidée au fil des années et poursuit normalement ses activités, la branche française n’est jamais parvenue à retrouver une rentabilité durable. La dégradation de ses résultats en 2024 a accentué une trajectoire déjà fragile, conduisant à la procédure collective puis à la liquidation. La décision du tribunal a ainsi acté une rupture nette dans l’histoire industrielle commune entre Brandt et Cevital.
Le maintien de l’exploitation commerciale de la marque Brandt et d’autres enseignes du groupe en Algérie ne saurait donc être confondu avec une reprise industrielle des sites français, lesquels font l’objet de procédures distinctes et autonomes, strictement encadrées par le droit français. Les actifs français de Brandt sont désormais traités de manière indépendante, site par site, et leur avenir dépend exclusivement des projets portés par des industriels locaux