Le reflux des prix du brut remet à l’épreuve les équilibres fragiles du budget de l’Algérie. Alors que le baril de Brent s’échange à 60,9 dollars ce lundi 20 octobre, soit quasiment le seuil de référence retenu dans la loi de finances 2026, Alger voit se réduire la marge de sécurité qui protège ses recettes pétrolières des soubresauts du marché mondial.
Les marchés pétroliers ont entamé la semaine sur une note prudente. Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, se négociait lundi matin à 60,93 dollars, en baisse de 0,59 %, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain reculait à 57,20 dollars. Cette nouvelle glissade prolonge trois semaines consécutives de repli, après une série de séances marquées par la crainte d’une offre excédentaire mondiale.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la production mondiale devrait atteindre 106,1 millions de barils par jour en 2025, soit 3 millions de plus qu’en 2024. Les pays hors OPEP+, emmenés par les États-Unis, le Brésil, le Canada, la Guyane et l’Argentine, porteront l’essentiel de cette hausse. Le cartel OPEP+, auquel appartient l’Algérie, ajouterait encore 1,4 million de barils par jour l’an prochain.
Une équation budgétaire serrée
Cette tendance pèse directement sur les perspectives d’Alger. Dans son projet de loi de finances 2026, le gouvernement a établi ses calculs sur un prix de référence de 60 dollars le baril, considéré comme un seuil prudent. Si le marché devait s’installer durablement en dessous de ce niveau, les recettes d’hydrocarbures, qui représentent plus de 90 % des exportations et près de la moitié du budget de l’État, en seraient immédiatement affectées.
Le ministère des Finances table sur une stabilité moyenne des prix sur l’année et sur la progression des volumes exportés pour compenser la volatilité du marché. Mais le glissement observé depuis début octobre – près de 4 dollars perdus en deux semaines – resserre l’espace de manœuvre d’un pays encore très dépendant de la rente pétrolière.
Un contexte international défavorable
Les inquiétudes sont renforcées par la reprise des tensions commerciales entre Washington et Pékin, avec l’instauration réciproque de nouveaux droits portuaires sur le fret maritime. Ces mesures, susceptibles de ralentir les échanges mondiaux, alimentent les craintes d’un ralentissement de la demande énergétique.
Dans le même temps, la perspective d’une production abondante chez les producteurs non OPEP, combinée à une croissance mondiale hésitante, entretient une pression baissière durable sur les cours.
Pour l’Algérie, le maintien du baril autour de 60 dollars reste un scénario acceptable, mais sans excédent. En dessous, l’État devrait arbitrer entre la réduction de certaines dépenses et le recours accru à l’endettement intérieur. Le gouvernement mise sur la diversification- industrie, agriculture, finance islamique – pour réduire la dépendance, mais ces réformes progressent lentement face à l’urgence budgétaire.