La pression a fini par payer. Mercredi, à Rabat, la plateforme officielle de la CAF a rouvert la vente des billets pour le match Algérie–Soudan, ainsi que pour les rencontres suivantes des Verts. Une décision accueillie avec soulagement par des centaines de supporters algériens déjà présents dans les rues de la capitale marocaine depuis le week-end. Après plusieurs jours d’incertitude et de blocages, cette remise en vente tardive laisse entrevoir une affluence significative de supporters algériens dans les tribunes, à la hauteur de l’engouement que suscite la sélection nationale à chaque grande compétition continentale.
Voyage sans filet, passion intacte
Contrairement aux éditions précédentes, aucun dispositif structuré n’a accompagné les supporters algériens pour cette CAN 2025. Les agences de voyage algériennes, qui avaient largement contribué à la forte présence des Verts dans les gradins lors des tournois passés, sont restées absentes, conséquence directe de la crise diplomatique entre les deux pays. Finis les packages, vols charters et séjours organisés qui avaient permis à la galerie algérienne de s’imposer sur les gradins africains, notamment en Égypte en 2019, lors du sacre historique de l’équipe nationale.
Cette fois, les supporters — en particulier ceux venus d’Algérie, traditionnellement les plus nombreux — ont dû se débrouiller seuls. Transit par Tunis pour les uns, par l’Espagne pour les autres, nuits improvisées, billets d’avion coûteux et correspondances multiples : le déplacement s’est transformé en véritable parcours du combattant, sans la moindre garantie d’obtenir un billet pour le stade. Malgré ces contraintes financières et logistiques, la détermination est restée intacte, preuve que le lien entre l’équipe nationale et son public dépasse largement les obstacles matériels.
Billetterie verrouillée, marché noir débridé
À Rabat, une autre épreuve attendait les supporters algériens : l’accès quasi impossible à la billetterie officielle. La plateforme de la CAF impose l’obtention préalable d’un identifiant digital (ID) pour pouvoir acheter un billet, une procédure qui s’est révélée largement inaccessible aux détenteurs de puces téléphoniques algériennes, exclus de facto de l’achat au tarif officiel.
Présents dès dimanche dans la capitale marocaine, de nombreux supporters se sont ainsi retrouvés livrés au marché noir. Les prix se sont rapidement envolés, atteignant jusqu’à 200 euros pour un billet vendu près de dix fois moins cher par la CAF. Plus préoccupant encore, la revente illégale semble s’être structurée autour de réseaux organisés. Selon plusieurs témoignages, une part importante des billets aurait été captée par des Algériens résidant à l’étranger, mieux armés pour accéder à la plateforme, avant d’être écoulée à prix fort sur place.
La diaspora en renfort, un air de Doha
Dans ce contexte, la diaspora algérienne joue un rôle déterminant. Arrivés en nombre, souvent en voiture et en famille via l’enclave de Ceuta, les Algériens établis en Europe renforcent les rangs des supporters présents à Rabat. Leur contribution, à la fois logistique et numérique, a permis de limiter l’impact des dysfonctionnements de la billetterie et d’assurer une présence visible dans les gradins dès ce mercredi, pour l’entrée en lice face au Soudan.
À mesure que les jours passent, un scénario se dessine : celui d’une affluence algérienne comparable à celle observée à Doha lors de la Coupe arabe, où la galerie des Verts s’était distinguée par son ampleur et sa ferveur. Aux abords du stade, malgré les obstacles, les supporters algériens ont une nouvelle fois démontré que leur fidélité ne se négocie pas.