Réhabilité en 2022 grâce à un investissement privé dépassant les 2 milliards de centimes, le site du Cap Aokas, à Béjaïa, est aujourd’hui au cœur d’un conflit administratif qui pourrait mettre fin à son exploitation. L’affaire oppose la commune, le chef de daïra et la Direction des travaux publics (DTP), sur fond de pressions politiques et de mobilisation citoyenne.
D’une friche insalubre à un atout touristique régional
Jusqu’en 2022, le Cap Aokas était à l’abandon : décharge à ciel ouvert, refuge pour délinquants et insécurité. L’arrivée de l’investisseur Senoune a radicalement changé l’image du lieu. Après nettoyage, aménagement et sécurisation, le site est devenu un espace touristique familial prisé, attirant des visiteurs venus de tout le pays, avec des retombées économiques notables pour les commerces et l’hôtellerie locale.
Un contrat bloqué et des autorisations refusées
Le projet, initialement validé par le conseil communal sous forme d’un contrat annuel renouvelable, a vu son renouvellement rejeté en 2024 par le chef de daïra, au motif que le site relève de la DTP.
Malgré une procédure d’appel d’offres remportée par l’actuel investisseur, les autorisations officielles ont été systématiquement refusées en 2025, poussant le maire à émettre, le 12 août, une décision d’évacuation définitive — une mesure qu’il affirme prendre « à contrecœur » sous pression administrative.
Accusations et riposte du maire
Sur les réseaux sociaux, certains militants associatifs accusent le maire de vouloir faire revenir le site à son état initial. Bournane Saïd, président de l’APC d’Aokas, rejette fermement ces accusations et rappelle avoir soutenu le maintien de l’activité, quitte à risquer des poursuites judiciaires. Il affirme que la commune a même demandé à la wilaya de reclasser le site comme propriété communale, une requête restée sans réponse depuis près d’un an.
Un climat d’incertitude pour l’investissement local
L’affaire du Cap Aokas n’est pas isolée. Selon le maire, d’autres projets touristiques, comme celui de loisirs pour enfants à Tala Khaled, font également l’objet de pressions malgré la détention de toutes les autorisations légales. Ce climat d’incertitude pourrait décourager les investisseurs locaux et freiner le développement touristique de la région.
Les citoyens montent au créneau
Face à la menace de fermeture, des habitants de Béjaïa ont lancé un appel au wali pour qu’il sauve « un joyau touristique » et garantisse la continuité des activités. Ils avertissent qu’une évacuation sans alternative conduirait au retour de l’insécurité et à la perte d’un espace vital pour l’économie et l’image de la région. Selon certaines sources, la force publique pourrait être mobilisée ce lundi pour procéder à la récupération du site, si bien entendu, une solution n’est pas trouvée d’ici là.