Annoncée comme l’un des plus grands chantiers énergétiques du pays, la centrale à cycle combiné de Djelfa est devenue le symbole d’un partenariat avorté entre Sonelgaz et l’ingénierie espagnole. Empêtrée dans un litige à 413 millions d’euros, Duro Felguera se borne à indiquer qu’ “il n’y a pas de nouveautés”.
Le projet de centrale à cycle combiné de Djelfa -1 200 MW de capacité prévue – reste gelé onze ans après son lancement. Confié en 2013 à Duro Felguera, le chantier de la centrale, partiellement construite, n’a jamais abouti. Aujourd’hui, la direction de l’entreprise asturienne se borne à répéter qu’“il n’y a pas de nouveautés à ce sujet”. Cette déclaration lapidaire, rapportée par le quotidien espagnol La Nueva España, résume l’état d’un dossier enlisé depuis plus d’une décennie, devenu le symbole d’un partenariat brisé entre Alger et Madrid.
413 millions d’euros de litige
En juin 2024, Sonelgaz avait suspendu le contrat, accusant son partenaire espagnol de retards et réclamant une indemnisation de 413 millions d’euros. Deux mois plus tard, en août, une rencontre entre le PDG de Sonelgaz, Mourad Adjal, et le président du Conseil d’administration de Duro Felguera, Jaime Isita Portilla, semblait relancer le projet. Les deux parties avaient convenu de mettre en place une équipe de travail conjointe pour “définir une feuille de route” et accélérer la mise en service de la centrale. Mais depuis, les discussions pour solder le litige se sont éternisées. Dans son rapport semestriel remis à la Commission nationale du marché des valeurs (CNMV), Duro reconnaît que “le rythme de négociation est très lent”.
Selon le quotidien espagnol toujours, ce différend a creusé un trou de plusieurs centaines de millions d’euros dans les bilans de l’entreprise, jusqu’à précipiter son pré-dépôt de bilan en 2024. Plus de dix ans plus tard, la centrale reste à l’état de structures incomplètes, tandis que les comptes de Duro Felguera portent encore la trace de ce fiasco.
Energy China pressentie pour reprendre le projet
En avril dernier, un compromis semblait se dessiner. Duro avait annoncé un accord de principe pour céder le contrat à China Power Engineering & Consulting Group International Engineering (CPEEC International), filiale d’Energy China. La société espagnole affirmait alors avoir atteint avec Sonelgaz une solution “définitive et amicale de toutes les controverses et litiges existants” liés à la centrale. Ce cession devait marquer la fin des querelles judiciaires et permettre au projet de renaître sous bannière chinoise.
Mais le délai fixé au 16 mai pour finaliser l’opération est passé sans résultat. Cinq mois plus tard, silence radio; la direction de Duro se borne à indiquer qu’“il n’y a pas de nouveautés à ce sujet”. À Djelfa, le projet reste gelé, symbole d’un partenariat avorté et d’un chantier énergétique toujours en suspens. Il traduit aussi la fragilité des entreprises européennes, dépendantes de contrats internationaux pour leur survie, face à la montée en puissance de groupes chinois soutenus par Pékin.