Les entrepreneurs algériens font face à un obstacle de taille dans leur développement numérique : les commissions sur les transactions Visa internationales atteignent jusqu’à 5% par opération, un niveau qui compromet la rentabilité de nombreuses entreprises locales.
Ce taux, largement supérieur aux standards internationaux qui oscillent entre 1% et 2,5%, représente un véritable casse-tête pour les commerçants algériens. Dans de nombreux secteurs, notamment le numérique et les services, ces frais dépassent la marge nette réalisée sur les ventes, rendant l’activité déficitaire.
“Ces commissions de 5% sont tout simplement prohibitives pour les web-marchands”, explique Mourad Mechta, fondateur de Guiddini E-commerce. “Quand votre marge est de 3% et que la banque prélève 5%, vous travaillez à perte. C’est mathématiquement impossible de développer une activité viable dans ces conditions », poursuit notre interlocuteur.
Cette situation touche particulièrement les startups et les petites entreprises qui tentent de s’implanter sur les marchés internationaux. Contrairement aux grandes structures qui peuvent négocier des tarifs préférentiels grâce à leurs volumes, les jeunes pousses subissent de plein fouet ces frais élevés.
Un manque de transparence bancaire
Les banques algériennes entretiennent un flou artistique autour de leur grille tarifaire. Leurs brochures commerciales mettent en avant les frais fixes annuels – entre 5 000 et 35 000 dinars selon les établissements comme Banxy ou la BDL – mais restent très discrètes sur le détail des commissions prélevées à chaque transaction.
Type de frais | Montant |
---|---|
Transaction | 5 % du montant |
Pack Basic | 95 000 DA / mois |
Pack Plus | 135 000 DA / mois |
Adhésion | 70 000 DA (unique) |
Cette opacité complique la tâche des entrepreneurs qui peinent à anticiper leurs coûts réels et à construire des modèles économiques viables. Les opérateurs doivent souvent découvrir ces frais après avoir engagé leurs premiers paiements internationaux.
L’absence d’informations claires contraste avec les pratiques des marchés développés, où la concurrence pousse les établissements bancaires à afficher des tarifs transparents et compétitifs. En Algérie, cette situation de quasi-monopole permet aux banques de maintenir des marges confortables sur les services internationaux.
Ces dysfonctionnements freinent l’intégration des entreprises algériennes dans l’économie numérique mondiale. Alors que le gouvernement multiplie les annonces pour encourager l’exportation de services et faciliter le rapatriement des devises, la question centrale de la tarification des transactions internationales reste en suspens.
Les récentes mesures gouvernementales visent à simplifier l’accès aux paiements internationaux, mais elles n’abordent pas directement le problème du coût. Cette approche partielle limite l’efficacité des politiques publiques destinées à dynamiser le secteur numérique.
Les conséquences se ressentent déjà sur le terrain. « De nombreux projets innovants peinent à voir le jour ou restent cantonnés au marché local, faute de pouvoir supporter les frais bancaires internationaux », affirme un opérateur. Cette situation pénalise non seulement les entrepreneurs individuels, mais aussi l’ensemble de l’écosystème numérique algérien.
Les startups tech, pourtant identifiées comme un levier de diversification économique, se retrouvent handicapées dans leur développement. Elles doivent choisir entre accepter une rentabilité dégradée ou renoncer aux marchés extérieurs, limitant ainsi leur potentiel de croissance.
Cette problématique dépasse le simple cadre commercial. Elle questionne la capacité de l’Algérie à s’imposer comme un acteur crédible de l’économie numérique régionale et à attirer les investissements dans les nouvelles technologies.