Deux des quatre victimes repêchées mi-août dans la Seine à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) étaient de nationalité algérienne. Les deux autres étaient un Tunisien âgé de 21 ans et un Français de 48 ans. Trois d’entre eux étaient immigrés et deux vivaient sans domicile fixe. Leurs corps ont été découverts le 13 août, immergés depuis plusieurs jours et retrouvés à quelques dizaines de mètres les uns des autres.
Ces informations ont été rappelées lors d’un échange en direct avec les lecteurs organisé par Le Parisien libéré le 1er septembre 2025, auquel participaient Denis Courtine, spécialiste des faits divers en Île-de-France, et Jérémie Pham-Lê, journaliste au service Police/Justice.
Le suspect, un Tunisien sans papiers
Un jeune homme d’une vingtaine d’années a été mis en examen pour ces quatre meurtres. Probablement de nationalité tunisienne, il avait d’abord donné une fausse identité algérienne à la police pour compliquer une éventuelle expulsion. Installé en France depuis trois ans, il vivait depuis février 2025 dans un squat en bord de Seine. Sans papiers, il était déjà connu pour cambriolage, vol et infraction à la législation sur les étrangers.
Des indices accablants
Le suspect avait été contrôlé début août avec les téléphones et papiers d’identité de disparus, avant même que leurs absences ne soient signalées. De l’ADN d’une victime a été retrouvé sur son pantalon et il a été filmé en train d’utiliser la carte bancaire d’un disparu. Malgré cela, il a gardé le silence durant ses 96 heures de garde à vue, puis devant le juge d’instruction.
Les autopsies ont révélé des traces de strangulation avec fracture de l’os hyoïde chez deux victimes et des signes similaires chez une troisième. Pour la quatrième, l’autopsie n’a pas permis de déterminer clairement la cause de la mort. Des analyses complémentaires sont en cours.
Les enquêteurs n’écartent aucune hypothèse. La piste d’un mobile homophobe est jugée sérieuse : l’une des victimes a eu un rapport sexuel peu avant sa mort dans une zone connue pour être un lieu de rencontres gay. Le suspect était également décrit comme ayant une pratique religieuse rigoriste, ce qui pourrait avoir influencé ses actes. D’autres scénarios sont aussi étudiés, comme un différend personnel ayant déclenché une série criminelle.
Une hypothèse extravagante : un criminel envoyé par l’Algérie!
Lors du chat du Parisien libéré, une question complotiste a été posée sur une hypothèse pour le moins extravagante : celle selon laquelle les autorités algériennes auraient « envoyé » un criminel en France pour semer le désordre.
Les deux journalistes ont rejeté catégoriquement cette idée. « Cela me paraît très hasardeux d’imaginer qu’un pays enverrait un potentiel tueur en série pour créer le désordre », a répondu Jérémie Pham-Lê. Denis Courtine a rappelé que le suspect n’était pas Algérien mais Tunisien, et qu’il avait simplement donné une fausse identité algérienne, probablement pour éviter une expulsion. Les deux spécialistes ont insisté sur le fait qu’aucun élément ne vient soutenir une telle théorie, qualifiée de pure spéculation.
D’autant plus, soulignent-ils, que trois des quatre victimes étaient elles-mêmes issues de l’immigration maghrébine, ce qui rend cette hypothèse encore moins crédible.
Pour l’heure, le suspect est le seul mis en examen. Aucune complicité n’a été démontrée, même si un proche a un temps été placé en garde à vue avant d’être relâché. Les enquêteurs explorent aussi la possibilité qu’il ait pu commettre d’autres crimes, compte tenu de sa présence prolongée dans ce secteur. L’instruction se poursuit.