Les professionnels du cinéma algérien lancent un appel urgent au président Tebboune. Une lettre ouverte, datée du 10 décembre 2022, exprime leur profond malaise face à l’immobilisme du secteur. Elle dénonce l’absence de mesures concrètes malgré les engagements répétés des autorités.
Mesures administratives au détriment de la créativité
Les cinéastes algériens saluent au préalable l’intérêt personnel du président Abdelmadjid Tebboune pour le cinéma, manifesté par des directives de soutien. Cependant, « près d’un an après les Assises nationales du cinéma, aucune recommandation n’a été mise en œuvre de manière tangible » estiment les signataires de cette lettre ouverte. Ils interrogent la responsabilité de cet échec et critiquent les initiatives administratives qui renforcent la bureaucratie au détriment de la créativité.
La lettre pointe du doigt le décret créant le Centre national du cinéma, perçu comme « une vision purement administrative, déconnectée des réalités du terrain et contraire à l’appel du président à l’autorégulation des professionnels ». L’année 2025 est qualifiée de « blanche » pour la production, sans financement notable malgré les demandes de diversification des ressources. « Le fonds de soutien au cinéma, dissous en 2021 et rétabli récemment, reste inopérant, avec un budget global équivalent à peine au coût d’un seul film moyen selon les standards internationaux », ajoute la même lettre.
La lettre ouverte retrace les revendications principales des professionnels du cinéma, en exigeant cinq mesures prioritaires pour relancer le secteur : « l’activation immédiate et tangible des recommandations issues des Assises nationales du cinéma » figure en tête de ces revendications, ainsi que l’abrogation ou la modification des textes législatifs et réglementaires qui entravent l’activité cinématographique et « la mise en œuvre effective du fonds de soutien au cinéma, avec une gestion transparente, une continuité du financement public et une augmentation substantielle de son enveloppe financière selon des critères objectifs ».
Les signataires revendiquent également « la réorganisation du Centre algérien du cinéma via un nouveau décret clair qui renforce ses prérogatives et missions, assorti d’une nomination de son directeur par décret présidentiel ». Ils revendiquent, enfin, « l’implication réelle des professionnels dans la rédaction et l’élaboration des décisions relatives au secteur, afin de rompre avec une vision purement administrative et de favoriser une dynamique créative ».
Soutien unanime du milieu du cinéma à la lettre ouverte
La liste des signataires jointe à la lettre ouverte compte plus de 200 noms de réalisateurs, producteurs, acteurs, scénaristes, techniciens et autres métiers du secteur, comme Abbas Terki Kamir (réalisatrice-productrice), Adila Bendimerad (productrice-actrice-réalisatrice) ou encore Djamila Sahraoui (réalisatrice).
Cette diversité témoigne d’un soutien unanime du milieu du cinéma pour les revendications de relance du cinéma national, au moment même où le president Tebboune reçoit une équipe restreinte afin de débloquer le projet du film sur l’émir Abdelkader.