En pleine discussion à l’Assemblée populaire nationale, la future loi minière entend donner un nouveau souffle à un secteur longtemps stagnant . Avec une contribution qui plafonne à 1 % du PIB, malgré un potentiel géologique immense, le secteur minier algérien pourrait devenir un levier de croissance majeur. Le texte de loi vise, selon ses concepteurs, à attirer des capitaux, notamment étrangers, tout en maintenant une souveraineté stratégique sur les ressources.
Un nouveau cadre pour séduire les investisseurs
Le projet de loi introduit une série de mesures pour renforcer l’attractivité du secteur. La règle des 51/49 %, qui limitait la part des investisseurs étrangers à 49 %, serait levée, permettant à ces derniers de détenir jusqu’à 80 % du capital dans les projets miniers. Les procédures d’obtention des permis seront unifiées et simplifiées, remplaçant l’actuel parcours administratif à double étage. Les concessions pourront s’étendre jusqu’à 30 ans, renouvelables selon l’état des réserves. Le texte encourage également la transformation locale des matières premières, l’emploi national et le transfert de savoir-faire.
Ces évolutions rapprochent, selon le ministre Mohamed Arkab, l’Algérie des standards internationaux et visent à rassurer les investisseurs, sans céder complètement sur le contrôle national. Une participation minimale de 20 % par des acteurs algériens reste obligatoire dans chaque projet.
Des ressources encore inexploitées
Au-delà des gisements déjà connus, la réforme vise à réveiller un potentiel minier encore largement inexploité. L’Algérie recèle des minerais stratégiques essentiels à la transition énergétique et aux nouvelles technologies, comme le lithium, les terres rares, le tungstène ou encore l’or. Ces ressources, peu explorées jusqu’ici, pourraient faire émerger une nouvelle génération de projets miniers, plus diversifiés et à forte valeur ajoutée.
C’est dans cette perspective que des « vieux » gisements identifiés depuis plusieurs décennies comme celui de Gara Djebilet (fer) ou de Tala Hamza (plomb et zinc), ont pris une importance centrale dans les projets de développement de l’ère du président Tebboune. De même, les réserves de phosphate, estimées à 2,2 milliards de tonnes, confortent l’Algérie à la quatrième place mondiale.
Transformer le sous-sol en moteur de développement
Certains acteurs politiques, comme le parti des travailleurs, dénoncent ce qu’ils considèrent comme un recul de la souveraineté économique, avec l’option de la baisse à seulement 20% de la part publique dans les nouveaux gisements. Dans un entretien à Maghreb Émergent, l’économiste Smail Lalmas considère toutefois que l’on ne peut pas parler de dénationalisation. L’exploitation des gisements miniers a été nationalisée en mai 1967. Le gouvernement, de son côté, affirme que les nouvelles règles garantiront une meilleure valorisation des ressources, sans les brader.
Au-delà des résistances somme toute sommaires, la réussite de cette réforme dépendra de la levée de plusieurs freins. Le premier demeurant celui de la bureaucratie toujours tatillonne lorsqu’il s’agit de réduire de ses pouvoirs. Le manque de compétences techniques locales impose un plan ambitieux de formation dans les métiers de la géologie, de l’exploitation et de la transformation.
Les infrastructures de transport, d’énergie et de traitement doivent aussi être renforcées pour soutenir un secteur encore peu développé compte tenu de son potentiel. Enfin, un cadre réglementaire stable sera essentiel pour instaurer la confiance sur le long terme. Il s’agit de consolider, sur le modèle du fer et du phosphate, une industrie intégrée, capable de transformer les matières premières localement et d’en tirer en aval comme pour le lithium et ses usages technologiques, des revenus durables.