Après trois ans de relations économiques au ralenti, l’Algérie et l’Espagne tournent la page. Un forum de haut niveau se déroulera du 15 au 17 juin à l’Hôtel Marriott d’Alger, marquant la reprise officielle de la coopération bilatérale entre les deux pays méditerranéens.
Plus de 45 entreprises et institutions des deux pays participeront à ce forum organisé par le Cercle de Commerce et d’Industrie Algéro-Espagnol, avec la Chambre de Commerce d’Alicante et son homologue hispano-algérien. L’ambition consiste à relancer la coopération dans quatre secteurs clés que sont l’industrie, l’agriculture, l’énergie et le commerce extérieur.
Cette initiative intervient alors que les échanges commerciaux bilatéraux accusent une chute significative depuis 2022. Les tensions diplomatiques ont pesé lourd sur les flux économiques, réduisant les opportunités d’affaires entre deux partenaires historiques qui entretiennent des liens commerciaux séculaires.
Des échanges en forte baisse depuis la crise
Les chiffres des douanes espagnoles révèlent l’ampleur du recul. En 2023, le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne s’est limité à 5,5 milliards d’euros, soit une diminution drastique par rapport aux 8 à 9 milliards d’euros enregistrés avant la crise de 2022. Cette contraction de près de 40% a particulièrement affecté les secteurs industriels et énergétiques.
Malgré cette baisse, l’Espagne conserve sa position de partenaire commercial européen privilégié de l’Algérie, après l’Italie. Cette résilience s’explique par la complémentarité naturelle des deux économies et leur proximité géographique, qui facilite les échanges malgré les turbulences politiques.
L’Algérie demeure également un fournisseur énergétique stratégique pour Madrid. Le pays assure le statut de premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, une position renforcée par les bouleversements géopolitiques européens et la recherche de diversification des approvisionnements énergétiques.
Quatre secteurs prioritaires pour la relance
Le forum algérois ciblera quatre domaines stratégiques pour reconstruire le partenariat économique. Dans l’industrie, les participants exploreront les possibilités de développement de partenariats industriels, de transfert de technologies et de soutien à l’innovation. Cette coopération pourrait bénéficier aux deux parties, l’Espagne apportant son expertise technologique et l’Algérie offrant ses capacités de production et son marché en expansion.
Le secteur agricole constituera un autre axe prioritaire. Les discussions porteront sur la modernisation des filières, les échanges de savoir-faire et la promotion des exportations agroalimentaires. L’Algérie, qui importe massivement ses produits alimentaires, représente un débouché naturel pour les producteurs espagnols, tandis que les agriculteurs algériens peuvent bénéficier de l’expertise technique espagnole.
L’énergie occupera une place centrale dans les négociations. Au-delà du gaz naturel, les deux pays examineront les opportunités de coopération dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Cette diversification répond aux objectifs de transition énergétique des deux nations et aux ambitions algériennes de développer son potentiel solaire et éolien.
Le commerce extérieur complètera cette approche sectorielle. Les participants travailleront sur la facilitation des échanges, la réduction des barrières non tarifaires et la promotion des investissements croisés. Ces mesures visent à fluidifier les relations commerciales et à créer un environnement plus favorable aux entreprises des deux pays.
Cette relance intervient dans un contexte favorable pour l’Algérie, qui accélère ses réformes économiques pour attirer davantage d’investissements étrangers. Les autorités algériennes ont récemment assoupli certaines réglementations et lancé plusieurs programmes de modernisation industrielle.