Pensée pour encadrer le commerce extérieur et préserver les devises, la note a finalement bloqué des centaines de conteneurs dans les ports, générant retards, embouteillages et pénalités chiffrées en millions de dinars.
Le 9 juillet 2025 restera une date marquante pour les importateurs algériens. Ce jour-là, le ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations publiait une note imposant la présentation d’un Programme Prévisionnel d’Importation (PPI) pour toute domiciliation bancaire et toute opération de dédouanement. Présentée comme un outil de maîtrise des flux commerciaux et de rationalisation des devises, cette mesure a rapidement eu des effets inverses.
La rétroactivité au 1er juillet, combinée au délai serré du 31 juillet (prolongé au 10 août), a pris de court les opérateurs. Conséquence immédiate : des centaines de conteneurs se sont retrouvés bloqués dans les ports d’Alger, d’Oran et de Béjaïa, aggravant un encombrement déjà marqué en période estivale. Les terminaux n’arrivaient plus à absorber le flux habituel, les camions s’accumulaient aux entrées, et la chaîne logistique s’est enrayée.
Face à cette paralysie, la Direction générale des Douanes a dû intervenir en urgence. Le 30 juillet, elle a autorisé le dédouanement conditionnel contre engagement écrit des importateurs. Quelques jours plus tard, un réaménagement du dispositif a permis de débloquer progressivement les cargaisons en souffrance.
2,1 millions de dinars de surestaries pour huit conteneurs bloqués
Les conséquences financières n’ont pas tardé. Les compagnies maritimes appliquent strictement les règles : passé le délai de franchise gratuite, chaque jour de retard se traduit par des surestaries facturées en devises. Un document que nous avons consulté montre qu’un importateur de produits industriels a dû payer plus de 2,1 millions de dinars pour huit conteneurs restés bloqués entre 21 et 24 jours, soit une moyenne de 260 000 dinars par conteneur.
Ces frais exceptionnels constituent un poids direct sur la trésorerie des importateurs. Faute de pouvoir les absorber, ils se traduiront par une hausse des prix de vente. Au final, c’est le consommateur qui en assumera le coût, qu’il s’agisse de produits industriels, alimentaires ou pharmaceutiques.
Cette séquence rappelle une évidence : chaque changement réglementaire, s’il n’est pas accompagné d’une période d’adaptation, peut avoir des effets déstabilisateurs. La Banque mondiale l’avait déjà souligné dans ses travaux : en Algérie, les retards de dédouanement et la rigidité des procédures génèrent des coûts logistiques importants, qui se diffusent dans toute l’économie.