Le président Abdelmadjid Tebboune s’est livré à son exercice médiatique habituelvendredi dernier face à trois journalistes de la presse nationale .
La rencontre télévisée était centrée sur les dossiers économiques et géopolitiques du moment. Un élément a particulièrement « détonné » dans cette communication présidentielle : aucune allusion à l’Union européenne, deux jours seulement après que Bruxelles a lancé une procédure d’arbitrage contre l’Algérie pour non-respect de l’accord d’association signé en 2002.
Un sujet toujours stratégique
Le commerce algérien, pourtant largement tourné vers l’Europe, n’a pas été évoqué. L’UE représentait encore plus de la moitié des échanges extérieurs du pays en 2023. Un chiffre qui souligne à quel point le sujet reste stratégique.
Le président aurait pu s’appuyer sur un déficit commercial chronique avec l’Union – près de 68 Milliards d’euros depuis 2020 – pour justifier la remise à plat des termes de l’accord, que demande désormais Alger. Mais il a curieusement préféré mettre en avant les perspectives africaines et arabes, évoquant les zones de libre-échange régionales sans apporter de données concrètes, comme pour souligner un choix politique plus qu’économique.

Ce silence tranche avec la multiplication, depuis 2022, de mesures restrictives visant certains États membres de l’UE qui ont aggravé le conflit né d’une première salve de mesures protectionnistes en 2020-2021.
Un conflit parti pour durer
L’Espagne, réhabilitée en 2025, a été écartée des canaux bancaires algériens servant à la domiciliation des importations, une réponse directe à la position de Madrid sur le Sahara occidental devenue favorable à la puissance occupante, le Maroc.
La France, de son côté, est discrètement exclue des appels d’offres publics depuis plus d’un an. Une rétorsion là aussi liée à une évolution diplomatique de Paris similaire à celle de Madrid sur le même dossier.
Ces tensions s’inscrivent dans une stratégie plus large. L’Algérie, en butte à un déficit commercial récurrent, a encore renforcé la semaine dernière – directive de l’ABEF – ses mécanismes de contrôle des importations : licences plus strictes,autorisations préalables, nouvelles exigences administratives …Le choix de ne pas évoquer le conflit commercial avec l’Union Européenne, un sujet où la communication présidentielle est habituellement rodée, interpelle.
Le Ministère des affaires étrangères avait déploré deux jours auparavant, la« précipitation » de Bruxelles a déclenché le mécanisme d’arbitrage suggérant de réunir plutôt le conseil de l’association en panne depuis de longues années.