M A G H R E B

E M E R G E N T

Actualités

concert de TIF : « J’ai cru revivre Soolking de 2019 ». Témoignage  

Par Propos recueillis par Samy Injar
10 août 2025

Le concert de TIF à la coupole  du complexe olympique Mohamed Boudiaf d’Alger le dimanche 03 août a failli virer au drame comme celui de Soolking en août 2019 au stade du 20 août à Alger. Des centaines de spectateurs billets en main sont restés bloqués à l’extérieur dans une file d’attente anxiogène qui n’a pas avancé pendant plus de deux heures avant que les portes ne soient déclarées fermées. Un grand moment de chaos, entre bousculades, panique au sein de la foule amassée à l’extérieur de la Coupole et interventions policière.

Dans un contexte ou l’annulation du Mega Concert de DJ Snake à Alger rappelle les problèmes d’organisation , Maghreb Émergent a décidé de  publier  le témoignage de Wissam, une jeune Algéroise venue à  la coupole, se changer les idées avec un groupe d’amis, et embarquée dans ce qui a failli devenir un drame.

Son témoignage détaillé se poursuit au-delà du soir des faits et décrit la réaction des parties prenantes organisatrices de cet événement, devenu un nouveau scandale dans l’industrie du spectacle, pourtant tellement nécessaire à la respiration des Algériens, mais toujours aussi peu professionnelle.   

« Des centaines de spectateurs compressés »

 Le concert de TIF, dimanche 3 août 2025, à la Coupole du complexe Mohamed-Boudiaf d’Alger, devait être un moment de fête. Pour Wissam, trentenaire algéroise venue avec des amis, il a failli virer au drame. Comme en août 2019 au stade du 20 Août, des centaines de spectateurs munis de billets sont restés coincés dehors, dans une foule compressée, aux portes fermées. Voici son récit.

« Nous arrivons sur les lieux vers 18h, bien avant le début du concert prévu à 20h. Le ticket annonce une ouverture des portes prévue pour 17h. Nous avons des billets simples, 2 500 dinars, achetés sur Yassir et dotés d’un QR code. Les VIP, eux, paient 4 000 dinars et entrent par une autre porte. Nous sommes dirigés vers une seule file, déjà bondée. Très vite, nous sommes des centaines, compressés. »

Dans la file, un public jeune : vingtenaires, trentenaires et quelques parents venus accompagner leurs ados. Les détenteurs de billets papier doivent aller à gauche, les électroniques à droite. Mais impossible de se frayer un chemin tant on est serrés. Les consignes, vagues et contradictoires, fusent de plusieurs personnes : organisateurs, sécurité…

« On piétine, on attend. Quarante-cinq minutes, une heure… Et soudain, l’inimaginable : une ambulance puis un véhicule de police passent en force à travers la foule. On doit se tasser encore plus, certains paniquent, frôlent le malaise. Heureusement, il fait frais. Mais c’est dangereux, inconscient. »

Le groupe d’amis se disperse, séparé par la pression de la foule. Les barrières cernent les spectateurs. La nuit tombe. La tension monte. Des jeunes enjambent les barrières, les agents les repoussent violemment.

« Une fille s’évanouit dans les bras de mon amie. Un garçon l’évacue. Mon amie choisit de se retirer. Je reste coincée dans la file. »

Et arrive la panique

Un mouvement de foule propulse Wissam dans la zone de contrôle des billets. Les stands de Yassir, sous des bâches blanches, sont débordés. Les organisateurs sont dépassés, la foule s’accumule autour d’eux mais les billets ne sont pas scannés. On ne comprend pas si le problème vient de l’application de scan qui ne marche pas, ou si c’est autre chose qui bloque. Personne ne nous explique ce qui se passe, les personnes de l’organisation et des stands Yassir elles-mêmes n’ont pas l’air de savoir ce qui se passe. La panique s’installe. Des stands sont renversés. On s’aperçoit alors que la grille principale d’entrée a été refermée brutalement.

« Un agent fait de grands signes pour nous dire qu’il ne sert à rien de pousser, personne n’entrera. Derrière nous, la foule continue d’affluer. Autour, des crises de panique éclatent. Les gens crient et se bousculent. Nous parvenons à sortir de la foule au bout de quelques minutes.

WhatsApp Vidéo 2025-08-10 à 16.59.00_ee2ce08d

La police anti-émeute arrive, casque bleu sur la tête. Elle disperse la foule autour de la porte, parfois violemment. Des familles, des enfants, tous billets en main, restent dehors. C’est la pagaille : appels impossibles, groupes éparpillés, hésitations à réessayer ou à rentrer chez soi.

« On a passé trois heures dans cet enfer. Vers 21h, on abandonne, déçus, choqués. Et on apprend par des images publiées en direct sur les réseaux sociaux que la salle est en réalité pleine ! Alors ? Billets en surnombre ? Entrées sauvages ? … »

Le lendemain, l’amertume grandit.

TIF, dans une story Instagram, présente des excuses, tout en rejetant la faute : « Nous ne sommes pas responsables de ce manque de professionnalisme. » La story est par la suite supprimée, remplacée par des images du concert. Plus tard, il évoque un remboursement via Yassir.

Yassir, contacté sur Instagram, se dédouane en affirmant qu’ils ne sont responsables que de la vente des billets électroniques, pas de la logistique sur place. Ils envoient un formulaire de remboursement… sans jamais répondre après envoi.

Les autres organisateurs (Cinemax, Lala Daouia Events, Impresario Events) publient un communiqué commun parlant d’« une décision difficile » de fermer l’entrée « pour la sécurité de ceux qui étaient à l’intérieur ». Tollé sur les réseaux : témoignages indignés et détaillés des événements, photos, récits de violences policières. Aucun n’est pris en compte. Le post est supprimé, les critiques effacées.

« Du côté de l’artiste et de son équipe, on a le sentiment d’une déconnexion totale avec la gravité de ce qui s’est passé : ils évoquent la réussite d’un événement exceptionnel, s’auto-félicitent et affirment avoir minutieusement préparé cette date pour “la jeunesse algérienne”. Ils se disent aussi désemparés et déçus que leur public, mais ne semblent pas pour autant prendre en compte les critiques et les retours, choisissant de les ignorer. Beaucoup d’influenceurs invités au concert, qui n’ont eu aucun mal à rentrer, n’ont rien dit sur ce qui s’est passé et sur les centaines de personnes munies de billets restées à l’extérieur. »

À ce jour, des dizaines de personnes attendent toujours un remboursement. « On n’a eu aucune explication sur ce qui s’est vraiment passé ce soir-là. Ce n’était pas la première fois : apparemment, le même chaos s’est produit il y a deux ans, avec le même artiste. Et on a tous en tête le drame qui s’est déroulé au concert de Soolking en 2019… 

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités

Première en Algérie : Général Emballage obtient la validation GRI

Général Emballage devient la première entreprise algérienne à valider son rapport de durabilité sur la plateforme internationale Global Reporting Initiative (GRI). Cette validation marque une étape importante dans son engagement… Lire Plus

Actualités

Port d’Alger : augmentation de flux de conteneurs de voitures

Un document interne de la douane d’Alger, daté du 5 novembre 2025, révèle un changement important dans l’importation de voitures par conteneur via le port d’Alger. La note, adressée aux… Lire Plus

Actualités High-Tech

Son arrêté est publié au journal officiel, la formation au pilotage de drones strictement réglementée

Dans son dernier arrêté, publié dans le journal officiel N°73, le ministère de la Défense nationale (MDN) a énuméré les modalités liées à la formation de pilotages des drones de… Lire Plus

Actualités Algérie

PLF 2026 : un budget de 8 000 milliards examiné ce dimanche, sans rupture avec le modèle pétrolier

Le gouvernement promet de tourner la page du pétrole avec un budget de 8 000 milliards de dinars. Mais comment diversifier l’économie quand 61% du budget part en salaires et… Lire Plus

Actualités

Financement de 96 projets étudiants : un soutien encore insuffisant

L’annonce par le Ministère de l’Enseignement Supérieur du financement de 96 projets d’entrepreneuriat étudiant entre le 26 octobre et le 6 novembre 2025 est un signal économique fort et une reconnaissance de l’excellence de… Lire Plus