Le ministre de l’Habitat, Mohamed Tarek Belaribi, promet de trouver une solution radicale au phénomène persistant des constructions inachevées en Algérie. Le ministre a annoncé, devant le Conseil de la Nation, 1 165 000 dossiers de mise en conformité déposés auprès des administrations compétentes. Pourtant, seule une infime partie d’entre eux a été régularisée.
La loi fixant les règles de mise en conformité et d’achèvement des constructions a été promulguée en 2008. Le gouvernement avait fixé un délai de 18 mois pour achever toutes les constructions à l’échelle nationale. Ce délai a connu plusieurs reports. Près de vingt ans plus tard, seulement 46% des dossiers déposés ont été acceptés. Parmi ces derniers, 86% ont été traités, et à leur tour, seulement 26% ont obtenu la régularisation. Autrement dit, environ 200 000 constructions ont été mises en conformité depuis 2008, laissant une part importante de bâtiments toujours en situation irrégulière. Les données sur les constructions concernées par la régularisation sans que leurs propriétaires n’engagent la procédure ne sont pas connues.
Illusion legislative
Face à ce constat alarmant, le ministre Belaribi a annoncé deux projets de loi qu’il dit « vont transformer en profondeur le cadre urbain algérien ». Toutefois, la question demeure : une simple révision législative suffira-t-elle pour amorcer ce changement ?
Au-delà des chiffres, le phénomène des constructions inachevées est également lié à une forte complexité juridique et administrative, avec des litiges fonciers nombreux qui opposent l’État aux citoyens, ou les citoyens entre eux, portant sur des questions d’héritage, de non-respect des normes, ainsi que sur les lenteurs des procédures administratives et judiciaires.
L’état mauvais élève en matière de respect des délais
La loi visée par le ministre concerne principalement les constructions privées. En revanche, la situation des projets publics – notamment logements sociaux et infrastructures – est tout aussi préoccupante. L’Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement (AADL) a ainsi en charge un programme de 33 000 logements sociaux participatifs (LSP) à l’arrêt depuis plusieurs années sur le territoire national.
Les taux de réalisation des programmes de logement, selon les wilayas, témoignent de disparités frappantes : Batna affiche 67% de ses programmes achevés, Blida atteint 85%, Béchar seulement 40%, Tébessa 50,5%, El Tarf 48%.
À Oran, fin 2022, 10 405 logements étaient encore en phase de réalisation, avec un taux d’avancement souvent inférieur à 50%. Ce retard impacte lourdement la capacité du pays à répondre à la demande en logement.