Cette contribution pour le site Maghreb Emergent est la synthèse d’une partie du volume sept (VII) audit réalisé sous ma direction, d’une brûlante actualité, remis au premier ministre Abdelmalek SELLAL le 15 janvier 2013 concernant des dossiers. Nous avons extrait les deux contributions de deux amis, le Docteur Abdelmajid DENNOUNI Président de la Confédération générale du patronat- BTPH et Cherif OUABDESSELAM ancien Vice président SONATRACH. Ces contributions traitent d’un thème important pour le devenir de l’Algérie le BTPH. Comment ne pas rappeler qu’assisté du Ministère de l’intérieur, des 31 walis de l’époque, du ministère de l’habitat, en tant que directeur général des études économiques et premier conseiller à la Cour des Comptes, j’ai eu à diriger un important audit pour la présidence de la république de l’époque sur la gestion de l’habitat (1982/1983).
Au moment ou avec la chute du cours des hydrocarbures, posant la problématique de la sécurité nationale, l’Algérie risque de connaitre d’importantes tensions budgétaires , nécessitant un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités sociales grâce à un dialogue productif au profit exclusif de l’Algérie et une réorientation urgente de la politique socio-économique afin d’éviter le drame des impacts des année 1986, j’ai jugé utile de mettre à la disposition du large public l’audit réalisé sous ma direction assisté de 20 experts internationaux (économistes- sociologues-juristes-ingénieurs) et remis au Premier Ministre le 15 janvier 2013 (huit volumes 900 pages)
Cet audit a été réalisé sans aucune rémunération, à la demande de Mr Abdelmalek SELLAL, homme de dialogue, qui nous a donné comme orientations, nous ayant laissé libre de toute initiative sans aucune contrainte, de privilégier uniquement les intérêts supérieurs du pays et de dire la vérité, rien que la vérité, sans sinistrose, ni autosatisfaction. Cet audit réalisé avant la baisse du cours des hydrocarbures de juin 2014 au niveau mondial mais avec des prémisses dues à la chute en volume physique des exportations de SONATRACH depuis fin 2007, est d’une actualité brûlante.
Le contenu de cette brève synthèse n’a subi aucune modification. Au lecteur de juger, ayant insisté fortement en préface que la bataille de la relance économique future de l’Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance et notre capacité à innover. Face aux tensions géostratégiques, des stratégies d’adaptation étant nécessaires tant au niveau extérieur qu’intérieur, espérons avoir fait œuvre utile pour le devenir de l’Algérie pour un devenir meilleur.
1.-Problématique
Depuis le lancement par les pouvoirs publics du programme de 1 million de logements, les entreprises algériennes, privées et publiques, n’ont pas su profiter de cet ambitieux plan, laissant filer entre leurs mains des chantiers à coup de milliards de dinars au profit d’entreprises chinoises, portugaises, italiennes et égyptiennes. Et pour cause, la quasi-majorité des entreprises publiques de bâtiments souffrent de bon nombre de lacunes, dont retard de mise à niveau, mauvaise gestion, manque de qualification des travailleurs et absence de financement de la part des banques. Ce sont ici autant de difficultés auxquelles font face ces entreprises, et qui interpellent du coup le ministre de l’Habitat
L’urgence est ’une restructuration des entreprises tant publiques que privées. Pour les entreprises publiques, selon le Ministère de l’habitat, le programme de restructuration prévoit la création de cinq grandes entreprises de réalisation couvrant les régions de l’Est, du Sud-est, du Centre, de l’Ouest et du Sud-ouest. Les régions du sud du pays connaissent un déficit de moyens de réalisation des programmes de logements et d’équipements, ce qui a amené le ministère de l’Habitat à envisager de nouveaux mécanismes à même d’attirer les entrepreneurs.
2.-Propositions
a.-Le texte de la loi sur la promotion immobilière promulguée en 2011 est «inapplicable sur le terrain, tant il est vrai qu’il est complexe. » C’est une loi pénale, en ce sens que sur les 70 articles, 17 sont relèvent du code pénal Pour preuve le recul dans la réalisation du nombre de logements par le secteur privé. « Entre 2005 et 2009, nous réalisions 90.000 logements par an. De 2009 à aujourd’hui nous ne faisons plus que 12.000 logements. » Et même si le ministère de l’Habitat a confié la réalisation des logements aux ELPF et OPGI, il n’en demeure pas moins « qu’ils sous-traitent avec les entreprises privés, » .
b.-Avant la promulgation de cette loi, la liste des bénéficiaires de logements, tous types confondus, était établie par les promoteurs qui la transmettaient aux daïras qui procédaient au sas et décidaient de l’octroi des aides par la Caisse nationale du logement. La relation était directe. Il faut revenir aux règles universelles tout en activant les organismes de contrôle ».
c.-Le secteur local du BTPH qui emploi 820.000 travailleurs est confronté à la concurrence déloyale, notamment avec les entreprises étrangères qui sont souvent favorisées par rapport aux sociétés nationales privées. D’où l’importance de l’amendement du code des marchés publics pour plus de transparence, ainsi que la refonte du code de l’investissement.
d. Une autre entrave au privé national , les cimenteries ne jouent pas le jeu allant dans la discrimination. Ainsi, les entreprises publiques ou étrangères qui réalisent des projets structurants se doivent d’importer du ciment, dès lors qu’elles soumissionnent à l’international avec le prix de 4 euros le sac de ciment. A cet effet, je suggère une disposition à inclure dans le cahier des charges, à savoir «défiscaliser l’importation du ciment» et obliger les grandes entreprises étrangères à soumissionner pour le ciment, aux prix pratiqués à l’international, et d’importer leurs quotas, soit 1,8 MT/an, au lieu de l’acheter sur le marché national au même prix que celui imposé aux entreprises nationales. D’autre part, pour éviter d’effacer tout un pan d’entreprises aux qualifications inférieures ou égales à 5 voire 6, nous demandons aux pouvoirs publics de revoir la discrimination faite à ces outils nationaux. Ce manque de matériaux peut se répercuter sur la qualité du béton armé et donc de la sécurité de la construction… C’est pourquoi l’on assiste et l’on voit beaucoup de contentieux entre entrepreneurs et maîtres de l’ouvrage faute d’application des règles d’actualisation des prix des matériaux de construction
e.- On voit beaucoup de briqueteries qui s’implantent un peu partout. Ce qui en soi a réglé quelque peu le problème de la brique ; donc reste celui du ciment. Pour cela, seule la libéralisation des prix pourra résoudre le problème même s’il y a opposition à cette solution en arguant que cela va générer une hausse du prix du logement, entre autres.
f.- Dirons que si on achète le sac de ciment au même prix que celui du marché international, soit à 400 DA environ, au lieu de 300 DA actuellement, on aura l’avantage d’éliminer la spéculation, les cimenteries pourront financer leur investissement en usant de cash flow, qu’elles vont générer par les liquidités. Elles ne pourront plus compter sur le soutien financier de l’Etat, ce qui leur économise des frais financiers importants et permettra également aux opérateurs nationaux d’importer leur ciment, ce qui permettra de réguler le marché et de combler le déficit de 3 millions de tonnes par rapport à la demande.
g.-Avec le programme d’investissement de GICA, il n’y aura plus de pénurie, ni de situation de monopole, les prix seront contrôlés et de meilleurs délais de livraison assurés. C’est un problème économique et il faut le régler par des mécanismes économiques. Le contrôle ne fait qu’augmenter la spéculation, les retards dans les réalisations, le chômage forcé du personnel…
h.-Le ciment semble être l’un des chaînons manquants de la construction. Rien que pour les cimenteries publiques qui sont une douzaine, les pouvoirs publics sont engagés dans ce secteur depuis le premier quinquennat (1992). Pour combler ce manque, ces mêmes pouvoirs ont décidé d’investir 7.600 millions USD pour permettre aux cimenteries publiques d’ajouter 3 millions de tonnes par an. Sur la production du ciment, il faut savoir que pour aller dans le sens de la promotion de cette production, Gica ambitionne de lancer deux autres cimenteries. L’une est attendue à Béchar avec une capacité de production de 2 millions de tonnes par an et l’autre à Djelfa. Pour celle-ci, le volume de production prévu est d’un million de tonnes par an. Pour faire sortir ce projet de terre, plusieurs sociétés, à l’instar du groupe Sonatrach, ont décidé de se lancer dans l’aventure pour produire et satisfaire la demande. Il se trouve que ce marché est victime de la spéculation, laquelle est un problème économique qu’il faut impérativement régler par des mécanismes économiques. Comment dans ce cas de figure ? En libérant les prix de vente au niveau national et l’aligner sur le marché international.
Certes, le feu vert est donné depuis avril 2011 pour promouvoir la production nationale avec un appui financier en monnaies sonnantes et trébuchantes, cette production n’arrive toujours pas à satisfaire la demande nationale.
1.- – Il ya lieu d’évoquer également le problème de la disponibilité de la main-d’œuvre qualifiée. Le système LMD (licence Master doctorat) instauré pour répondre au marché et aux besoins des entreprises n’a pas atteint ses objectifs. L’on déduit aussi qu’il en va également de la qualité du travail.
En résumé, s’agissant toujours de la production de ciment, les pouvoirs publics ont lancé un vaste programme durant le quinquennat 2010-2014 pour satisfaire la demande. Cette demande sera effectivement satisfaite à l’horizon 2014, en attendant, le gouvernement a décidé d’importer un million de tonnes par an et quelques opérateurs économiques ont décidé de se lancer aussi timidement dans ce marché d’importation. D’une manière générale, L’ANDPME a un grand rôle à jouer en matière de développement des PME en Algérie. Cette institution a d’étroites relations avec le CNC-PME, le ministère de la PME et de l’Artisanat et plusieurs organisations et associations patronales et chambres de commerce. Cette agence doit proposer des amendements aux textes de lois en relation avec l’environnement de l’entreprise, elle doit être la courroie de transmission des propositions des opérateurs économique et l’organe d’exécution du programme du gouvernement en matière de développement de la PME.Toutefois, n’ayant pas une vision de sinistrose. Plusieurs importantes rencontres ont permis de nous regrouper depuis un an, avec le ministre de l’Habitat. Les différentes mesures qui bloquaient l’entreprise ont été prises en compte tels les retards dans les délais de paiement des situations de travaux, la régularisation des travaux supplémentaires dans les délais, le règlement, au cas par cas des situations contentieuses des entreprises… d’autres propositions sont en cours d’étude au niveau du ministère de l’Habitat. Nous proposons de toiletter les textes par les professionnels et les pouvoirs publics pour simplifier l’acte de gestion et de création de nouvelles entreprises.
NB– Président de la Confédération générale du patronat- BTPH. – titulaire d’une licence en sciences économiques, de l’université d’Oran, d’un 3e cycle en sciences politiques et d’un doctorat en sciences économiques obtenu en France, à Rennes 1. Dr Abdelmadjid DENNOUNI est à la tête d’une entreprise, implantée à Tlemcen, créée en 1966, qui a pris de l’essor et s’est développée en devenant groupe Dennouni. Il compte aujourd’hui pas moins de dix PME-PMI dans différents domaines