La 30e Conférence des Nations unies sur le climat (COP30) s’est ouverte ce lundi à Belém, au Brésil, dans un contexte d’urgence mondiale. Dix ans après l’Accord de Paris, les effets du réchauffement se font sentir plus durement que jamais : sécheresses, inondations, élévation du niveau des mers… Le constat est implacable, surtout pour le continent africain, qui ne contribue qu’à hauteur de 4 % aux émissions mondiales, mais en subit de plein fouet les conséquences.
Présente à Belém, l’Algérie s’inscrit dans la ligne défendue par plusieurs pays africains : obtenir un financement à la hauteur des engagements pris par les nations industrialisées. Alger réclame la mise en œuvre effective du principe du “pollueur-payeur”, rappelant que les promesses de financement faites à Bakou restent très en deçà des besoins réels.
Pour l’Algérie, l’enjeu est double : accélérer sa transition énergétique tout en protégeant ses ressources hydriques et agricoles fortement menacées par la désertification.
Mais dix ans après l’Accord de Paris, le pays n’a toujours pas actualisé sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN), qui visait une réduction des émissions de 7 à 22 % d’ici 2030. L’économie algérienne, encore largement dépendante des hydrocarbures, peine à se décarboner faute de feuille de route claire et de soutien international suffisant.
Un Maghreb en quête d’équilibre climatique
Avec le Maroc et la Tunisie, l’Algérie porte la voix du Maghreb et, au-delà, celle de l’Afrique du Nord. Ces trois pays affrontent une aridification croissante, des sécheresses à répétition et une raréfaction inquiétante des ressources en eau.
Le Maroc, plus avancé sur le front climatique, multiplie les projets à portée continentale, tels que le programme de “cuisson propre” et la “Mission 300” pour électrifier 300 millions d’Africains d’ici 2030. La Tunisie, de son côté, alerte sur la vulnérabilité de ses zones côtières face à la montée des eaux.
Mais l’ensemble du Maghreb reste tributaire des financements promis par le Nord, encore loin d’être honorés.
L’Afrique face à un mur financier
Les pays africains estiment avoir besoin de 1 300 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris entre 2025 et 2030. Une somme colossale face à laquelle les engagements actuels – 300 milliards de dollars d’ici 2035 – semblent dérisoires.
Le Fonds “Pertes et dommages”, lancé à la COP27, entre enfin dans sa phase opérationnelle, mais ses ressources – 741 millions de dollars à ce jour – ne représentent qu’une goutte d’eau face aux besoins réels.
La Cour internationale de justice de La Haye a d’ailleurs rappelé en 2025 l’obligation juridique des pays développés à soutenir les nations vulnérables. Une décision saluée par les délégations africaines à Belém.
Symbole fort, la COP30 se tient aux portes de l’Amazonie. Le président brésilien Lula da Silva a lancé le “Tropical Forest Forever Facility”, un fonds dédié à la préservation des forêts du Bassin du Congo, d’Indonésie et d’Amérique latine. L’Afrique, avec son immense potentiel écologique, pourrait tirer profit de ce mécanisme de rémunération des forêts préservées.
Un sommet crucial pour l’avenir climatique
Deux ans après l’adoption du Bilan mondial de l’Accord de Paris, la COP30 doit se traduire en actions concrètes : nouvelles feuilles de route, financements vérifiables, justice climatique.
Pour l’Afrique et le Maghreb, l’heure n’est plus aux promesses mais à la mise en œuvre. L’Algérie, aux côtés de ses voisins, espère que Belém marquera le début d’une nouvelle ère où équité et solidarité climatique cesseront d’être des slogans pour devenir des réalités tangibles.





