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Coronavirus : « Testez, testez, testez ! », une recommandation de l’OMS difficile à appliquer en Algérie

Par Maghreb Émergent
27 mars 2020

Le décalage entre les cas réels et les cas détectés ne veut pas dire que les chiffres sont manipulés ou minorés. Il dépend essentiellement de « la politique des tests » suivie par chaque pays et qui est déterminée par la disponibilité des tests et de la capacité à les réaliser.

Cas déclarés et cas réel : comment réduire l’écart

Quotidiennement le comité scientifique installé par le ministère de la Santé communique les statistiques concernant la pandémie du Coronavirus. Il s’agit des cas officiellement déclarés positifs. Ce sont des données authentiques et incontestables basées sur les résultats communiqués par l’Institut Pasteur.  Mais ces chiffres ne reflètent malheureusement pas l’état réel de la propagation de la maladie.

Le décalage entre les cas réels et les cas détectés ne veut pas dire que les chiffres sont manipulés ou minorés. Il dépend essentiellement de « la politique des tests » suivie par chaque pays et qui est déterminée par la disponibilité des tests et la capacité à les réaliser.

« En Corée du Sud, où l’épidémie décline, le vrai tournant a été la forte augmentation du nombre de tests », explique à l’AFP Cécile Viboud, épidémiologiste au NIH (Institut américains de la santé). Le nombre de centres de tests a dépassé les 500, avec des centres mobiles. « Il faut savoir où l’épidémie en est pour agir. Et pour cela, il faut tester ».

« Testez, testez, testez ! Testez chaque cas suspect », a d’ailleurs exhorté le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en soulignant que cela s’inscrivait dans une stratégie bien précise pour circonscrire l’épidémie, comme on circonscrit un incendie. « Si les tests sont positifs, isolez ces patients, trouvez avec qui ils ont été en contact rapproché jusqu’à deux jours avant l’apparition des symptômes et testez ces personnes à leur tour », a-t-il martelé.

Dans beaucoup de pays européens, comme aux USA, en Turquie…la cadence a évolué à mesure que l’épidémie progressait. Le moyen d’intensifier les tests serait l’adoption de tests légers et rapides, avec un résultat en une demi-heure contre 4 à 5 heures pour les tests actuels, dits RT-PCR (basés sur l’amplification du matériel génétique du virus). La stratégie d’intensification des tests doit toutefois intervenir avant que le nombre de cas ne devienne trop important et la rende difficile à mettre en œuvre.

En Algérie, l’Institut Pasteur aurait réalisé plus de 2500 tests depuis le diagnostic du patient zéro. C’est très insuffisant (La mise en service d’autres centres de dépistage à Oran, Constantine, Tizi Ouzou et Ouargla, aura un impact sur le nombre de cas déclarés). De ce fait, même les patients présentant des symptômes alarmants ne peuvent être testés. Il leur a été recommandé de rester confinés chez eux comme c’est le cas d’ailleurs dans d’autres pays disposant de moyens plus importants, cas de l’Italie, de la France….

Selon la revue Science et Avenir, une proportion notable des personnes infectées ne développe que peu de symptômes (voire pas du tout). Sur le site de l’Institut Pasteur français, ces cas asymptomatiques peuvent concerner 30 à 60% des sujets infectés. Ces cas-là échappent donc facilement à la détection. Ces gens « continuent à vivre normalement, à travailler, à utiliser les transports en commun, à faire du shopping ; ils se déplacent à pied, en voiture, en train ou en avion. Involontairement, ces porteurs silencieux facilitent la propagation du virus », précise Jeffrey Shaman, chercheur américain (Université de Columbia), coauteur d’une étude parue dans la revue Sciences.

Toutefois, le rôle exact joué par ces cas non identifiés dans la propagation de la pandémie reste difficile à cerner puisque ces individus sont a priori moins contagieux (ils ne toussent pas) et ne projettent donc pas de postillons chargés en virus, précise la revue.

Taux de létalité et taux de mortalité

Le taux de létalité, est le nombre de morts rapporté au nombre de personnes infectées. Il ne doit pas être confondu avec le taux de mortalité, qui est le nombre de morts rapporté à l’ensemble d’une population, d’un pays ou du monde.  L’évolution de ce taux dépend aussi de la stratégie de dépistage : moins on dépiste de cas, plus se propage le virus, plus le taux de létalité est élevé, car estimé sur la base des cas officiellement dépistés.

Cela dépend également de l’âge moyen de la population, plus une population est âgée, cas de l’Europe, plus le nombre de cas critique est important, et plus le taux de létalité est élevé. Et cela dépend bien sûr de l’offre de soins. Plus elle est importante, mieux elle est organisée, plus le taux est faible.

Enfin, dans toute pandémie, une létalité importante est due à la saturation des services d’urgence et des services, dans le cas du Coronavirus, de réanimation. Quand on ne dispose que d’un nombre très limité de places en service de réanimation, le dépassement arrive très vite et il sera impossible d’assurer une prise en charge correcte des cas graves. D’où l’augmentation du nombre de décès.

Dans des pays comme l’Algérie, où les capacités de dépistage massif ne sont pas opérationnelles, les services médicaux ne sont pas organisés ni équipés pour répondre correctement à des pics épidémiologiques, la mise en place correcte des mesures barrières est confrontée à un manque de moyens de protection et à l’incrédulité de la population. Seules les mesures de confinement strict, qui ont comme objectif unique « d’aplatir la courbe », c’est à dire de retarder et d’étaler dans le temps l’arrivée des cas graves aux hôpitaux, sont recommandées. Car c’est la seule façon d’éviter la saturation des capacités limitées des services spécialisés, d’éviter d’augmenter le nombre de décès évitables, et d’agir ainsi sur le taux de létalité.

Abdenour Haouati

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