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CPP : Le pouvoir « vacant » remplit la Coupole (audio-vidéo)

Par Maghreb Émergent 1 avril 2016

Que retenir des rassemblements simultanés du parti FLN de Saadani à la salle de la Coupole à Alger et de l’opposition à l’hôtel Mazafran d’Alger ? Que disent-ils de la situation politique ? Quelles images donnent-ils ? Autant de questions posées au Café presse politique du jeudi 31 mars et autant de réponses apportées… car finalement, « où se trouve véritablement le centre pouvoir ? » a interpellé l’un des participants.

 Tandis que les partis d’opposition réunis au sein de l’Instance de concertation et de suivi de l’opposition (ICSO) ont construit leur stratégie sur l’idée d’un pouvoir vacant, Saadani organisait « un grand show » au moment même où ils se réunissaient à Mazafran, a d’emblée relevé Ihsane El Kadi, directeur de l’agence Interface Médias, éditrice du site électronique Maghreb Emergent. « Le pouvoir existe et il s’est manifesté pour dire ce qu’il avait à dire », a déclaré le journaliste.

Quitte à ne pas dire grand chose « de consistant » de l’avis de Tarik Hafid, rédacteur en chef du site électronique Impact 24, présent à la Coupole. « Le pouvoir et l’opposition font leur show sauf qu’ils ne représentent rien », a renchéri Abed Charef, journaliste indépendant.

« Saadani n’a strictement aucun poids ni au plan économique, ni au plan politique, ni au plan institutionnel du pays », a poursuivi Abed Charef en qualifiant la future bataille au Parlement entre le FLN et le RCD de « combat de coq ». « Tous ces gens- là me donnent l’impression d’être dans une cour de prison où ils jouent un match de basket ! Ça se termine par une bagarre générale et puis ensuite tout le monde rentre dans sa cellule », a-t-il décrit.

« Le petit flux » de l’opposition

Moins unanimes sur la rencontre de l’ICSO, les journalistes ont toutefois exprimé des avis partagés. Si Abed Charef a estimé que « depuis deux ans, le projet de l’opposition a reculé et que les moyens ont régressé », Ihsane El Kadi s’est montré plus enthousiaste : « Certes, la démarche de l’opposition est minimaliste mais je prends ce minimum car elle offre la possibilité d’avoir un cadre organisé », a-t-il déclaré. « On ne construit pas de projets sur un lit de oued tari d’eau, il faut un petit flux d’eau pour une remontée… ».

Tarik Hafid a aussi préféré mettre en avant les avancées de la rencontre de l’ICSO : « Les points importants que je retiens sont l’appel à tous les partis d’opposition à les rejoindre, l’appel au pouvoir à tenir à l’écart l’institution militaire et la charte qui impose certaines obligations notamment celle qu’aucun membre ne peut négocier seul avec le pouvoir ».

Un optimisme que ne partage pas Abed Charef qui estime que l’opposition ne représente « ni une alternative, ni un minimum, elle est à côté ! ». « Il y a un agenda dans le pays qui est celui du président Bouteflika et l’opposition s’est psychologiquement installée dans cet agenda », a-t-il pointé.

Et c’est justement « la gêne de l’opposition que de se construire uniquement par rapport au pouvoir », a jugé Saïd Djaafer, directeur éditorial du Huffington Post Algérie, qui a appelé à « réinventer un autre modèle de militantisme ». « Les Algériens sont complètement dépolitisés au sens des années 70, pire on assiste à des comportements de régression très profonds, comme ce qu’il s’est passé à Bechar contre les migrants subsahariens », a-t-il souligné en dénonçant « un comportement qui est totalement l’antithèse de ce qu’ont été les valeurs du mouvement national».

Et si on avait tout faux ?

Et pour finir de confondre un peu plus un débat déjà assez confus, Abed Charef s’est demandé si « toutes ces analyses ne seraient pas faussées par le fait que nous n’avons pas la bonne réponse sur le lieu réél du pouvoir ». « Ne serait-ce pas Tartag le centre du pouvoir ? », a interrogé le journaliste. « Dans ce cas-là, toutes les analyses perdraient leur pertinence ».

« L’identification du lieu du pouvoir pose problème » a renchéri Saïd Djaafer en illustrant cette confusion par une « boutade » qui circule sur les fréquentes visites des Européens en Algérie. « A ce point, ce n’est plus de la diplomatie, c’est du contrôle continu », conclut la boutade.

D’ailleurs les lignes ne cessent de bouger ont relevé tour à tour Ihsane El Kadi en notant « que le général Gaid Salah a consolidé sa position avec les risques extérieurs qui existent » et Tarik Hafid en soulignant que « si Saadani attaque Ouyahia c’est qu’il se place pour 2019, voire peut-être même avant ».

Autant de scénarios à suivre de près a conclu Abed Charef. « Il va falloir surveiller le dispositif qui se met en place : soit la succession, soit le 5e mandat ! »

 

 

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