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Dans une chorégraphie « spontanée », les patrons du FCE chargent Sellal, adoubent Bouchouareb

Par Maghreb Émergent
4 octobre 2016
Sellal - Bouchouareb
Entre Sellal et Bouchouareb, les patrons ont choisi

Il s’est passé quelque chose à Constantine à l’université d’été du Forum des chefs d’entreprise ce week-end. Retour ici sur ce qui a ressemblé à un lâchage d’Abdemalek Sellal par le patronat. La solution de rechange était dans la salle.

 

 L’université d’été du FCE, du week-end dernier, avait un sens politique et il n’était pas tout à fait implicite. En effet, distillant leur discours à petite doses, les dirigeants du FCE ont donné de Bouchouareb l’image de l’homme de la situation… De successeur potentiel de Sellal.

Sans tergiverser, Ali Haddad a jeté ses gants par terre et a pris le Gouvernement par la gorge en lui reprochant de tourner le dos à la crise et de ne pas prendre des mesures à la hauteur des problèmes qui se posent. Mieux, il l’a accusé de manquer de courage et d’audace en évoquant le e rythme trop lent de l’action gouvernementale.

«Il est temps de mettre en œuvre des réformes profondes et courageuses qui changeraient notre économie […]  Pour transcender cette situation et engager l’Algérie dans un processus de redressement économique pérenne, nous devons, avant toute chose, admettre et considérer que la baisse des prix des hydrocarbures n’est pas un phénomène conjoncturel mais qu’elle constitue une tendance lourde devant laquelle nous avons accepté de faire preuve de résilience … » a indiqué M.Haddad.

«Pour transformer en profondeur les conditions pratiques dans lesquelles s’accomplissent l’acte d’investir et l’acte de produire dans notre pays, nous devons impérativement accélérer la cadence et le rythme des réformes », a-t-il ajouté.

Toujours aussi critique de l’action gouvernementale, Ali Haddad a souligné que « la réussite d’une politique économique ne se mesure ni aux intentions, ni aux déclarations, ni au nombre de textes réglementaires adopté » mais qu’elle «est fondamentalement tributaire de la praxis et de ses effets sur l’emploi, le pouvoir d’achat et le bien-être des citoyens ».

 

Tir groupé sur la gestion gouvernementale

 

 Les autres membres du FCE qui ont pris la parole, que ce soit dans la plénière ou au cours des débats, ont tous abondé dans le même sens. C’est le cas de Brahim Benabdesselam, Nacéra Haddad, Laid Benamor, Mohamed Bairi et de plusieurs membres du FCE. Tous ont tiré la sonnette d’alarme et appelé le Gouvernement à engager des réformes structurelles profondes, courageuses et urgentes.

Il ne s’agit plus de prendre des mesures conjoncturelles pour parer aux effets néfastes de la crise mais de réformer structurellement, ici et maintenant, notre économie dans le sens de la libération totale de l’acte d’investir, conformément à la Constitution, estiment-ils en gros.

Mohamed Bairi, visiblement contrarié par les blocages multiples de ses projets, s’est livré à une diatribe frisant la rébellion. «Le Gouvernement dit que les choses avancent. Moi, en tant que chef d’entreprises, je n’ai rien vu. J’en ai marre des discours. Il faut du concret et le concret peut faire l’économie des discours qu’on nous livre à tout bout de champ », a-t-il fulminé.

 

 

 Bouchouareb aussi a marqué sa dissonance vis à vis de Sellal

 Si les patrons du FCE étaient sévères à l’encontre du Gouvernement Sellal, ils ont été par contre très attentifs au propos du ministre de l’industrie, Abdeslam Bouchouareb accueilli en guet-star. Le ministre de l’industrie donnait d’ailleurs l’impression d’avoir compris le rôle que les patrons voulaient lui faire jouer. Et il a semblé bien en phase avec les patrons.

 Après un discours officiel mi-figue, mi-raisin prononcé à l’ouverture de la plénière, ses interventions sur la situation de l’économie algérienne ont paru marquées d’amertume. Ses constats, rejoignant les charges du patronat, étaient en tout cas en déphasage avec le discours officiel du gouvernement.

 «Il n’est plus possible de continuer dans le même sens», a-t-il lancé à plusieurs reprises en faisant allusion aux politiques régissant la sphère économique.

 «Quand j’ai élaboré le Code d’Investissement, j’ai introduit un article permettant aux privés d’êtres des aménageurs de zones industrielles et d’exploiter à cet effet le foncier alloué à l’industrie. Et alors que j’étais en déplacement à l’étranger, on a jouté la phrase suivante : le foncier dont ils sont propriétaires », a-t-il révélé pour illustrer la singularité de sa position au sein du Gouvernement.

 De quoi plaire aux patrons du FCE qui ont semblé clairement adouber M.Bouchouareb pour la succession éventuelle de Sellal devenu leur tête de turc…

 

 

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