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De 30% à 56% : l’ascension fulgurante des laboratoires privés algériens

Par Yasser Kassama
19 avril 2025

L’industrie des médicaments en Algérie traverse une période de changements profonds. Les entreprises locales privées gagnent du terrain et bousculent l’ordre établi dans un domaine autrefois dominé par les grands noms internationaux.

Un coup d’œil au panorama actuel du marché révèle une réalité frappante : six sociétés algériennes figurent désormais parmi les dix plus importantes du secteur. Leur poids économique cumulé atteint 108,9 millions de dollars, soit près de 56% des revenus générés par ce cercle restreint des leaders du marché.

El Kendi, groupe pharmaceutique privé algérien, a pris les commandes avec un chiffre d’affaires de 31,3 millions de dollars (son produit phare étant Exval), dépassant ainsi ses concurrents étrangers comme Hikma (Jordanie) avec 23,94 millions USD grâce notamment à Amoclan, Novo Nordisk (Danemark) avec 22,76 millions USD porté par NovoMix 30, Bayer (Allemagne) avec 21,73 millions USD dont Supradyn est le produit vedette, et Sanofi (France) qui génère 18,08 millions USD principalement grâce à Pyostacine.

Biopharm, autre fleuron algérien, occupe la quatrième place avec 22,64 millions de dollars. Bayer et Sanofi arrivent respectivement en cinquième et sixième positions. Le top 10 se complète avec quatre entreprises du cru : Biocare Biotech (14,24 millions), Pharmalliance (13,86 millions), Beker (13,72 millions) et Merinal (13,14 millions).

Classement et RangLaboratoireChiffre d’affaires (M USD)Médicament générant le plus de CA
1El Kendi31,3Exval
2Hikma23,94Amoclan
3Novo Nordisk22,76NovoMix 30
4Biopharm22,64Zecuf
5Bayer21,73Supradyn
6Sanofi18,08Pyostacine
7Biocare Biotech14,24Glarus
8Pharmalliance13,86Esoproton
9Beker13,72Trombix
10Merinal13,14Ferro Sanol Gyn

Une évolution historique marquée

La configuration actuelle du marché pharmaceutique algérien représente un changement radical par rapport à sa situation historique. Avant le milieu des années 2010, les laboratoires étrangers dominaient largement ce secteur, représentant plus de 70% du marché. Cette prédominance s’expliquait principalement par la prépondérance des produits importés, dans un environnement caractérisé par une industrialisation locale limitée et un cadre réglementaire peu développé concernant les médicaments génériques et biosimilaires.

Le déclin progressif de la part de marché des groupes étrangers illustre clairement cette transformation majeure du paysage pharmaceutique algérien. En 2010, ils contrôlaient environ 70-75% du marché. En 2015, leur part avait diminué à environ 60-65%. En 2020, elle s’était réduite à environ 55-60%. En 2024-2025, leur présence dans le Top 10 ne représente plus qu’environ 44% du marché.

La période 2015-2020 a constitué une phase de transition décisive, marquée par plusieurs mesures réglementaires et économiques : interdiction d’importation pour plusieurs médicaments disponibles localement (2015), incitations fiscales et douanières pour l’investissement industriel, et accords de transfert de technologie avec les multinationales pour favoriser la production sous licence.

AnnéePart de marché des groupes étrangers
2010 env.~70–75 %
2015~60–65 %
2020~55–60 %
2024–2025~44 % (Top 10)

Des choix stratégiques payants

Les laboratoires privés algériens ont adopté des orientations thérapeutiques distinctes. El Kendi s’est spécialisé dans les traitements cardiovasculaires et neuropsychiatriques. Biopharm a développé une expertise dans les antitussifs et produits en vente libre. Biocare Biotech propose des solutions pour diabétiques, incluant des versions d’insuline. Pharmalliance se concentre sur la gastro-entérologie. Beker travaille principalement sur l’hématologie. Merinal développe des produits pour la gynécologie et les carences en fer. Cette distribution des spécialités permet aux entreprises locales d’établir leur position sur des segments thérapeutiques spécifiques sans se concurrencer directement.

Malgrè ces avancées significatives, tout n’est pas rose pour l’industrie pharmaceutique algérienne. L’innovation véritable reste son talon d’Achille – la plupart des laboratoires se contentent de reproduire des molécules existantes plutôt que d’investir dans la recherche fondamentale. Autre point noir : la dépendance aux importations de principes actifs, qui fragilise toute la chaîne de production nationale. Quant aux exportations, même si elles progressent vers les marchés africains voisins, elles sont encore loin d’exploiter tout le potentiel régional qui s’offre à l’Algérie.

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