Les difficultés de sécurisation des paiements et la complexité des opérations bancaires transfrontalières avec la Libye ont poussé le gouvernement à associer directement l’Association des banques et établissements financiers (ABEF) aux discussions sur l’exportation. Le commissaire général de l’ABEF a ainsi participé à la réunion de coordination présidée par le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, aux côtés du gouverneur de la Banque d’Algérie.
Cette présence inhabituelle du secteur bancaire au plus haut niveau des discussions commerciales révèle l’ampleur des dysfonctionnements financiers qui freinent les échanges avec la Libye. Les exportateurs algériens se heurtent quotidiennement à des obstacles techniques : retards de paiement, difficultés à obtenir des garanties bancaires fiables, et procédures de transfert de fonds complexifiées par l’instabilité institutionnelle libyenne.
En 2024, le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et la Libye n’a atteint que 65 millions de dollars, un chiffre jugé très faible au regard du potentiel des deux pays. Les autorités algériennes ambitionnent pourtant de porter ce volume à 3 milliards de dollars dans les prochaines années.
Ces problèmes financiers transforment chaque transaction commerciale en parcours du combattant. Les entreprises algériennes hésitent à s’engager sur ce marché pourtant proche, faute de mécanismes bancaires sécurisés et prévisibles. L’ABEF, qui fédère l’ensemble du secteur bancaire national, devient dès lors un interlocuteur incontournable pour diagnostiquer ces dysfonctionnements et proposer des solutions opérationnelles.
Un diagnostic financier au service de l’exportation
La participation de l’ABEF à cette réunion permet une approche directe des problèmes rencontrés par les exportateurs. L’association bancaire dispose d’une vision complète des difficultés pratiques : depuis les problèmes de change jusqu’aux complications liées aux sanctions internationales, en passant par les défaillances des correspondants bancaires libyens.
Cette expertise technique devient précieuse pour élaborer des solutions concrètes. L’ABEF peut identifier les banques partenaires les plus fiables, proposer des mécanismes de garantie adaptés, et suggérer des procédures simplifiées pour accélérer les transactions. Son rôle dépasse la simple consultation : elle devient un acteur opérationnel de la facilitation commerciale.
Sécuriser les flux pour relancer les échanges
L’implication de l’ABEF répond à une urgence économique. Le marché libyen représente un potentiel considérable pour les produits algériens, mais les risques financiers découragent les entreprises. Sans instruments bancaires adaptés et sécurisés, même les commandes les plus prometteuses restent lettre morte.
L’association bancaire travaille désormais à coordonner les établissements financiers algériens pour créer un écosystème de paiement plus robuste avec la Libye. Cette coordination vise à standardiser les procédures, mutualiser les risques, et offrir aux exportateurs des solutions financières prévisibles et compétitives.
La présence de l’ABEF à cette réunion ministérielle marque une reconnaissance : les blocages commerciaux avec la Libye sont avant tout des blocages financiers. Résoudre ces questions techniques conditionnera le succès de la stratégie gouvernementale de diversification des exportations vers ce marché de proximité, avec l’objectif affiché d’atteindre 3 milliards de dollars d’échanges annuels à moyen terme.