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De Air Algérie à Emirates, le commandant K. Mazaguer a propulsé sa carrière de pilote

Par Maghreb Émergent
21 juillet 2014
C'est ce mastodonte des airs, l'Airbus A380, que le Captain K. Mazaguer a fait atterrir pour la première fois à l'aéroport d'Alger (DR)

« Captain » Kheireddine Mazaguer, est le premier commandant de bord « algérien-algérien », comme il aime à se décrire, à piloter un Airbus A380, le plus gros-porteur de l’aviation civile. A Dubaï ou il vit et travaille pour Emirates depuis des années, il évoque sa carrière à Air Algérie. Et son nouveau «plan de vol» chez Emirates.

 

Le vol inaugural de Emirates vers Alger, le 1er mars 2013, c’est lui. Tout un symbole. Mais si Emirates, la première compagnie aérienne mondiale, a choisit Captain Mazaguer pour cette première, ce n’est pas seulement parce qu’il est algérien. Nombre de ses compatriotes pilotent aussi des avions chez Emirates. Captain Mazaguer est une compétence vive de l’aviation, une valeur reconnue dans la profession. A Alger il est revenu en A330, le tarmac de l’aéroport Houari Boumediène ne pouvant pas recevoir l’A380, son avion habituel. Etre aux commandes de ce monstrueux long-courrier quadriréacteur à double pont, est un privilège réservé, dans le monde, à quelques dizaines de gros compilateurs d’heures de vol. A seulement 50 ans, Captain Mazaguer fait un retour dans son pays en « conquérant », après 9 années de carrière florissante chez Emirates.

Car ce n’était malheureusement pas chez Air Algérie qu’il pouvait prétendre à une telle consécration. Après 16 ans de pavillon national, Kheirdine Mazaguer cumule des regrets, mais pas d’amertume. Natif de la cité Malki de Ben Aknoun, sur les hauteurs d’Alger, ce Captain aux airs sympathiques a un rire expressif lorsqu’il évoque son passé en Algérie: «Air Algérie est une compagnie qui aurait pu prétendre à un haut niveau de professionnalisme, mais elle est gangrénée par le népotisme. C’est la seule compagnie aérienne au monde ou des dizaines de groupes d’employés portent le même nom, » raconte le pilote dans un rire. « Un pilote qui s’est retrouvé chez ‘l’Unique des Airs’ par la force de son mérite peut se taper Ouagadougou et Dakar toute sa carrière alors que les fils de….auront droit à Montréal et autres destinations lucratives à longueur d’année, » poursuit-il.

Les raisons de l’exil

C’est justement l’une des raisons qui ont poussé Kheiredine Mazaguer, « après 16 ans de stagnation » à Air Algérie, à mettre les voiles en direction du Golfe, comme beaucoup de ses collègues avant lui. Il ne se le cache pas : il a fait son choix certes pour des raisons professionnelles, mais aussi sociales et financières : Les compagnies aériennes du Golfe payent jusqu’à 4 fois plus qu’Air Algérie, sans oublier des avantages comme le logement, la scolarité des enfants et une couverture médicale de premier ordre, explique-t-il. « Mais la raison la plus importante est la reconnaissance de notre mérite et de nos compétences, » insiste le Captain Mazaguer.
Signe que c’est la frustration professionnelle qui pèse le plus dans la décision des pilotes algériens à quitter Air Algérie, les salaires des compagnies du Golf n’arrivent pas, seuls, à attirer, les pilotes des autres pavillons maghrébins. « Pas un pilote de la Royal Air Maroc ou de Tunis Air ne quitte sa compagnie avant la retraite. Il n’existe aucun pilote Marocain ou Tunisien chez Emirates ou les autres compagnies du Golfe, » confie le pilote algérien au long cours.

Emirates, un choix «culturel »
Si le Captain Khereddine Mazaguer a choisit Dubaï, c’est parce que l’Europe ne l’a jamais intéressé. « Raisons de mode de vie », dit-il. Il a ainsi refusé une offre d’Air Littoral, préférant un employeur « proche » de lui culturellement, mais avec les commodités d’un pays évolué. Et c’est tout naturellement qu’il atterrit à Dubaï, en passager privilégié à bord de sa Imaratiya. En 2005, Emirats elle est la compagnie aérienne qui connait la plus forte croissance dans le monde. « Les pilotes algériens sont plutôt bien considérés chez Emirates mais ils pourraient être plus nombreux s’ils maitrisaient la langue de Shakespeare, » estime Kheirdine Mazaguer. Car selon lui, en dehors de l’Anglais aéronautique, peu de pilotes algériens maitrisent l’anglais, ce qui limite leurs possibilités de poursuivre une carrière dans des compagnies à forte culture anglo-saxonne, comme celles des Emirats du Golfe. « Mais la plupart des pilotes Algériens chez Emirates sont tout de même des commandants de bord de gros porteurs comme l’A380 ou le Boeing 777, » ajoute fièrement le Captain Mazaguer.
Et les pilotes algériens évoluent dans une des compagnies les plus rigoureuses au monde, qui fait décoller 85% de ses vols à temps, le reste étant assuré dans les 15 minutes suivantes et souvent en raison de contraintes externes. « Il y a une discipline et des procédures pour tout et tout le monde les connais, » explique le commandant de bord algérien.
Emirates a déjà proposé à Captain Mazaguer de se convertir à court-terme en instructeur. Il a refusé. « Je veux continuer à voler ce qui me donne plus de temps libre avec ma famille ». Mais au bout du parcours, il admet « qu’il n’y a pas meilleur aboutissement que de revenir chez soi ».

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