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Maghreb

De nombreux obstacles se dressent face à la tenue d’élections en Libye

Par Maghreb Émergent
31 mai 2018

 

L’ANL a poursuivi son offensive lancée le 15 mai dernier contre la ville de Derna, où les combats ont des « conséquences dévastatrices » selon les Nations unies.

La promesse d’élections le 10 décembre en Libye, annoncée mardi à Paris par les quatre principaux acteurs de la crise politique libyenne, se heurte à de nombreux obstacles, à commencer par l’absence d’un cadre légal pour organiser le scrutin et l’escalade des violences dans certaines parties du pays.

En présence d’Emmanuel Macron, qui a salué une « étape clef pour la réconciliation en Libye », le Premier ministre Fayez Seraj, l’homme fort de l’est du pays Khalifa Haftar, le président de la Chambre des représentants Aguila Salah Issa et le président du Conseil d’Etat Khaled al Mishri ont oralement approuvé une feuille de route en huit points visant à la tenue d’élections présidentielle et parlementaires le 10 décembre.

Ils ont convenu de mettre en place « la base constitutionnelle » pour les élections et d’adopter les « lois électorales nécessaires » d’ici au 16 septembre.  Mais il reste à définir comment sera élaborée cette « base constitutionnelle »: soit par un référendum sur un projet constitutionnel, soit via une adaptation de la « déclaration constitutionnelle provisoire » entrée en vigueur en août 2011 pendant le soulèvement contre Mouammar Kadhafi.

La question est fondamentale car les opposants au maréchal Haftar, possible candidat à la présidence, veulent s’assurer que les pouvoirs présidentiels et civils sur les militaires seront clairement définis avant la tenue d’un scrutin.

Les adversaires de l’homme fort de l’Est libyen redoutent que Khalifa Haftar soumette à nouveau le pays à un régime autoritaire. Ils l’accusent également d’avoir détruit en partie Benghazi, la capitale de Cyrénaïque, et provoqué de vastes déplacements de population en trois ans de campagne militaire pour prendre le contrôle de la deuxième ville du pays.  Le chef de l' »Armée nationale libyenne » (ANL) déclare qu’il débarrasse la Libye des extrémistes islamistes et qu’il respecte le processus électoral.

Combats dévastateurs à Aderna

Pendant la réunion de Paris, l’ANL a poursuivi son offensive lancée le 15 mai dernier contre la ville de Derna, où les combats ont des « conséquences dévastatrices » selon les Nations unies. Mercredi, l’ANL a dit s’être emparée de sites dans un quartier du centre de Derna, après avoir progressé depuis la périphérie de la ville. 

Des violences ont également éclaté ces dernières semaines à Sabha, dans le sud du pays, où s’opposent deux alliances aux contours flous soutenant l’une Tripoli l’autre Benghazi.  La déclaration de Paris n’a fait aucune allusion aux affrontements, même si Fayez Seraj a déclaré aux journalistes qu’il avait « appelé à la fin des combats dans toute la Libye – trop de sang a été versé ».

Pour les commentateurs, le conflit ainsi que les centaines de milliers de personnes déplacées par les combats risquent de dénaturer le résultat des élections.  La sécurité du processus électoral est un autre défi. Des kamikazes ont attaqué en mai les bureaux de la commission électorale à Tripoli, faisant 12 morts.

La Libye n’a pas de forces de sécurité nationales pour superviser un scrutin, ou d’institutions nationales capables de gérer des recours.  La suspicion est palpable dans les deux camps. Certains groupes armés de l’ouest de la Libye, dont ceux issus de Misrata, puissance militaire incontournable dans le pays, considèrent que la France est trop proche de leur rival Khalifa Haftar et ont affiché leur opposition à la réunion de Paris avant même qu’elle débute.

Un haut responsable de l’ANL a souligné de son côté que Haftar n’avait pas apposé sa signature à la déclaration. « S’asseoir ne veut pas dire accepter et aucun accord n’a été signé à la réunion de Paris », a-t-il dit.

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