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Maghreb

De nouvelles révélations en Italie enfoncent Chakib Khelil et Farid Bedjaoui dans l’affaire Saipem

Par Maghreb Émergent
16 février 2014
De plus en plus de révélations en Italie accablent Khelil et Bedjaoui dans le scandale de corruption impliquant Saipem (Ph. DR)

 

Dans un article paru dans le journal italien Il Fatto Quotidiano, le journaliste italien Gianni Barbacetto est revenu dans détail sur l’affaire de pots de vin impliquant les dirigeants du groupe pétrolier italien ENI, à sa tête Paolo Scaroni et l’ancien ministre algérien de l’Energie, Chakib Khelil, et son homme de confiance Farid Bedjaoui.

 

Le journaliste décrit Paolo Scaroni comme étant l’un des hommes les plus puissants d’Italie. Une puissance qu’il tient de sa qualité de « garant de l’équilibre relations délicates et excellentes avec un réseau de gauche et de droite » dans ce pays.

Le journaliste Gianni Barbacetto rappelle que l’enquête Eni Saipem a éclaté en février 2013, lorsque le procureur de Milan Fabio De Pasquale envoya la Guardia di Finanza (police financière italienne) à Rome pour perquisitionner les bureaux d’Eni et Saipem de San Donato, mais aussi la maison de Scaroni  à Milan.

Les pots de vin payés à l’étranger reviennent en Italie

L’acte d’accusation avait porté sur une commission près de 200 millions d’euros (198 plus exactement) qui aurait été versée  au ministre algérien de l’Energie de l’époque Chakib Khelil et son entourage, via des sociétés off-shore détenues par son homme de main présumé, Farid Bedjaoui. Le montant de ces commissions avaient porté sur huit grands contrats pétroliers d’une valeur totale de 11 milliards d’euros, octroyés à Saipem Algérie, la filiale locale du groupe italien.  La «commission» de 198 millions a été payée par Saipem, filiale d’Eni, à la compagnie Pearle Partners, basée à Hong Kong et contrôlée par Farid Bedjaoui, un homme de confiance du ministre Khelil et intermédiaire entre les Algériens et les gestionnaires Saipem. Outre Paolo Scaroni, sont, entre autres, visés par l’enquête le directeur général de Saipem Franco Tali, chef de l’exploitation Peter Varone, le directeur financier Alessandro Bernini, l’ex directeur général  de Saipem Algérie Tullio Orsi », ecrit le journaliste italien. Ce dernier ajoute que souvent, les pots de vin payés à l’étranger reviennent en Italie, sous la forme d’un «merci» aux gestionnaires qui ont conclu l’accord.

10 millions d’euros de rétro-commissions identifiés

Pour l’instant, l’enquête a identifié des « rétro commissions » d’environ 10,5 millions d’euros , dont 5,29 millions versés sur le compte de Varone, 5,17 millions sur celui de Tullio Orsi. Quel était le rôle de Scaroni dans cette affaire ? Dans une déclaration à l’agence ANSA, Scaroni a affirmé qu’il ne connaissait rien à ce sujet.  Pourtant, Peter Varone est catégorique : « Scaroni savait tout. » Selon ses dires, Scaroni a participé à une réunion à Paris » avec les Algériens, durant les négociations visant à établir la «commission».  «J’ai beaucoup travaillé à l’étranger et je sais que vous devez payer dans certaines situations. L’Algérie est l’une de ces situations», explique Varone, qui a connu Farid Bedjaoui en 2005, à Paris à l’Hôtel George V, comme un personnage capable de résoudre de vieux contentieux entre Sonatrach et Saipem.

« A un moment donné, Bedjaoui voulait plus… »

L’année suivante, Bedjaoui organisait, également à Paris, à l’hôtel Four Seasons cette fois, une rencontre entre les dirigeants de Saipem et l’ex-ministre algérien de l’énergie. «Nous étions là, moi-même, Tali, Bedjaoui et le ministre (Khelil, Ndlr). C’était Bedjaoui qui a introduit le ministre et celui-ci a confirmé que Bedjaoui était une personne en qui il avait confiance », révèle le journaliste Barbacetto. « C’est une personne en qui je crois », avait lancé Chakib Khelil. Une position qui ouvrait de nouvelles perspectives sur les affaires à réaliser en Algérie. « À un moment donné, Bedjaoui dit clairement: ‘’Oui, vous pouvez le faire, mais nous avons besoin d’établir clairement les frais … Nous devrions payer des commissions ». «Je me souviens qu’au début il voulait plus», explique Varone aux magistrats italiens chargés de l’enquête. Franco Tali approuve. Ensuite, Paolo Scaroni rencontre le ministre Khelil à Paris, puis prend part, ainsi que Bernini, à une autre rencontre dans une chambre avec Bedjaoui à l’hôtel Bulgari de Milan. Le ministre Khelil aurait refusé de donner des rendez-vous à ses « partenaires internationaux » en Algérie, où ses mouvements, leur a-t-il expliqué, étaient contrôlés par les services secrets de son pays. Et pour les communications confidentielles, on utilisait les téléphones mobiles distribués à Dubaï. Devant les enquêteurs italiens, Scaroni a déclaré: «J’ai eu des rencontres officielles avec le ministre d’un pays où Eni a des intérêts puissants », en référence à l’Algérie et Chakib Khelil.

La direction d’ENI réagit

Dans une mise au point adressée au journal italien Il Fatto Quotidiano, la direction d’ENI par le biais de son bureau presse, a dit ne pas vouloir répondre aux « allégations » faites par M. Varone. « La réponse en temps opportun sera donnée dans la salle d’audience », précise la réponse du groupe italien. La même source rappelle que Eni et son PDG « ont réaffirmé à plusieurs reprises qu’ils étaient étrangers aux faits soumis à l’enquête ». Et de signaler que les déclarations de M. Varone sont en « contradiction flagrante » avec les faits établis par des audits internes indépendants menés par Eni et Saipem sur plus de 300.000 documents, y compris les e-mail de plusieurs gestionnaires d’Eni et Saipem. « Par exemple, l’article fait référence à une réunion qui se serait tenue à Milan le 10 Juillet 2008, et à laquelle aurait participé M. Scaroni. Or, ce jour-là, le PDG d’Eni était à Rome à l’Autorité de l’électricité et du gaz et plus tard à un ministère », ajoute le démenti de ENI.

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