Lounis Hamitouche, fondateur et patron de la Laiterie Soummam, s’est éteint le 19 avril 2025 après une longue maladie. Son décès constitue une perte significative pour l’Algérie, où il a su émerger en tant qu’homme d’affaires d’exception. En bâtissant la plus grande entreprise de produits laitiers du pays, il a marqué son époque par son esprit entrepreneurial et son engagement social.
Né en 1946 à Chellata, sur les hauteurs d’Akbou, Lounis a connu une enfance difficile, ponctuée par une série de tragédies familiales. À l’âge de cinq ans, il perd son père, un événement particulièrement douloureux pour sa famille vivant sous le joug colonial. Quelques années plus tard, la perte de sa mère l’oblige à assumer des responsabilités familiales dès son jeune âge. Avec l’aide de son frère, il s’occupe de l’élevage et des tâches domestiques dans un village devenu un champ de bataille pendant la guerre de libération nationale.
Après l’indépendance, il commence à bricoler dans sa région pour gagner un peu d’argent, tentant à une reprise de se lancer dans le commerce de tissu à Akbou, sans succès. Dans les années 1970, Lounis se rend à Alger à la recherche de stabilité. Il mène diverses activités, telles que la conduite de camions et le petit commerce, avant de faire la rencontre déterminante de Da Mohand Batouche, un pionnier des affaires dans la vallée de la Soummam. De cette relation, il apprend les rouages du monde entrepreneurial.
Avant d’ouvrir sa première usine de yaourt, Lounis Hamitouche effectue des allers-retours entre l’Algérie et la France, établissant des relations commerciales. L’inauguration de sa première machine à yaourt à Chellata marque le début de son aventure, malgré des débuts compliqués dus à des pannes fréquentes. Dans les années 1990, le transfert de son atelier à Akbou propulse la Laiterie Soummam vers de nouveaux sommets. Rapidement, l’entreprise prospère, et ses produits envahissent les magasins à travers le pays.
Au début des années 2000, faisant face à la concurrence de Danone, un géant français des produits laitiers, Lounis renforce sa stratégie d’expansion. Il acquiert un terrain vaste à Akbou pour établir le plus grand complexe laitier d’Algérie, produisant une multitude de produits, tels que des yaourts, des fromages et des jus. Pour sécuriser sa chaîne d’approvisionnement, il distribue des milliers de vaches aux agriculteurs et investit dans l’élevage.
Sous sa direction, la laiterie collecte environ 750 000 litres de lait cru par jour et s’engage dans la production d’aliments pour bétail à Ouargla et à Bordj Bou Arréridj. En parallèle, la famille Hamitouche se diversifie dans le secteur du tourisme, avec la possession de plusieurs hôtels.
Au-delà de ses succès commerciaux, Lounis Hamitouche s’est illustré par son engagement philanthropique. Il a investi près de 100 milliards de centimes en actions de solidarité durant la crise du Covid-19 et a soutenu sportivement et culturellement de nombreux clubs, tels que le MOB, la JSMB, et le club sportif de Constantine. Par ailleurs, sa laiterie organise chaque mois du Ramadhan des soirées culturelles animées par des artistes kabyles à l’hôtel Atlantis d’Akbou, propriété de son fils.
Lounis Hamitouche laisse ainsi un héritage marquant, tant par sa réussite professionnelle que par son investissement dans le bien-être de la communauté.