La wilaya de Tizi-Ouzou vit depuis quelques jours au rythme des pelleteuses. Après Draâ Ben Khedda, c’est au tour du marché attenant au stade du 1er Novembre d’être promis à la démolition. Une décision des autorités locales, justifiée par la volonté de redonner à ces villes « une image digne d’elles », mais qui provoque déjà une onde de choc parmi les commerçants et les habitués de ces espaces populaires.
À Draâ Ben Khedda, située à une dizaine de kilomètres du chef-lieu, le marché informel installé le long de l’ancienne voie ferrée a été totalement rasé le 10 novembre 2025. L’endroit, devenu au fil des années un véritable bidonville commercial, avait longtemps échappé à tout contrôle. Sous la supervision du wali de Tizi-Ouzou, M. Aboubakr Boucetta, les bulldozers ont dégagé près de cinq hectares destinés à accueillir de futurs projets publics.
Cette démolition fait suite à un avis rendu par la daïra, qui avait appelé les commerçants à libérer les lieux avant le 10 novembre. Objectif annoncé : réhabiliter l’espace public, éradiquer les constructions illicites et améliorer l’image urbaine.
À Tizi-Ouzou, la même logique
Dans la capitale du Djurdjura, l’APC de Tizi-Ouzou suit la même voie. Le marché informel du stade du 1er Novembre, né à la fin des années 1990 et devenu une véritable favela urbaine, sera lui aussi supprimé.
Mais derrière ces décisions administratives se cache une réalité plus amère : des dizaines de familles vivaient de ces marchés. Vendeurs de fruits, de vêtements ou d’articles ménagers, venus de plusieurs localités, y trouvaient leur seul gagne-pain. Ces espaces, connus pour leurs prix bas, attiraient chaque jour une foule de consommateurs, parfois venus de loin.
La fermeture brutale de ces lieux relance donc une question de fond : pourquoi ne pas régulariser ces marchés plutôt que de les détruire ?
Tizi-Ouzou et Draâ Ben Khedda font partie des communes les plus dynamiques de la région. De nombreux habitants estiment qu’il serait plus judicieux d’allouer un budget à la construction de véritables centres commerciaux populaires sur ces sites, afin d’encadrer les activités plutôt que de les effacer.
D’autant qu’aucune alternative concrète n’a encore été proposée aux commerçants, laissés pour l’instant dans l’incertitude.
Entre image et réalité sociale
Les autorités locales défendent une vision d’urbanisme moderne, débarrassée des constructions anarchiques. Mais, en parallèle, une économie informelle solide, enracinée dans le quotidien de dizaines de familles, se retrouve aujourd’hui menacée.
Ces marchés, aussi désordonnés soient-ils, représentaient une économie de proximité, vivante et accessible, que la population avait adoptée. En les rasant sans offrir de solution immédiate, les communes prennent le risque de fragiliser un tissu social déjà précaire.
« La régularisation, pas la destruction », résument amèrement plusieurs commerçants de Draâ Ben Khedda face aux engins de démolition.
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